« Les Français ne paieront plus chez le médecin » : à la « une » du Parisien puis du « Monde », la semaine dernière, la généralisation du tiers payant intégral (part Sécu et complémentaire) programmée à l’horizon 2017 a pris la forme de slogans accrocheurs.
Pour le gouvernement, le tiers payant, marqueur social puissant, est aussi un coup politique. L’immense majorité des Français y sont favorables. Dès l’an prochain, les bénéficiaires de l’aide à la complémentaire santé (ACS) seront dispensés d’avance des frais.
Pour les médecins, c’est une autre affaire. Le dossier reste miné. Interrogés en janvier par l’IFOP pour « le Quotidien », 69 % des praticiens considéraient qu’il s’agissait « plutôt d’une mauvaise chose ». Risque d’usine à gaz, sentiment d’une médecine gratuite, entorse à l’indépendance, praticiens sous la coupe de financeurs... : la colère médicale ne retombe pas.
Marisol Touraine ne l’ignore pas qui a réaffirmé, en présentant sa loi, que le paiement des médecins serait garanti, sans délai, simple et sécurisé. « Le tiers payant, ce n’est pas une invention du bloc ex-soviétique », argumente Marisol Touraine qui souligne que de nombreux pays de l’OCDE l’ont mis en place. En France également, les soins les plus coûteux (radiologie, actes techniques...) mais aussi les situations de précarité prévues par la loi sont prises en charge en tiers payant.
Il n’empêche. Les syndicats sonnent à nouveau la charge. Pour le SML, le tiers payant généralisé signera la « perte de notion de la valeur de l’acte médical ». La CSMF pointe le risque de « transformer la carte Vitale en carte de paiement » et de déprécier des actes « virtuellement gratuits ». Même MG France, avocat de la dispense d’avance de frais, souligne que les généralistes « très réticents »« attendent des garanties » dont le payeur unique et la non-vérification des droits. Pour la Fédération des médecins libéraux (FML), le tiers payant généralisé tel qu’il est conçu en France exposera les médecins « à des frais supplémentaires de gestion ».
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