Toulouse, 21 h 06, soir de match.
Une explosion retentit dans l’enceinte de la « fan zone » en plein centre-ville. Un kamikaze vient de se faire sauter au milieu de la foule. La police sécurise la zone puis la sécurité civile et les pompiers, déjà sur place, prennent en charge les premières victimes. Celles dont le pronostic vital est engagé sont évacuées vers les hôpitaux de Purpan et Rangueil. Quarante-cinq minutes plus tard, un premier bilan fait état de 30 blessés et deux morts. La cellule de crise centrale est activée au SAMU pour coordonner les secours. « Depuis les attentats de novembre 2015, l’activation de la cellule est plus rapide. Des équipes sont mobilisables H24, et en une heure une trentaine de blocs opératoires sera opérationnelle et le CHU en ordre de marche », décrit le Pr Vincent Bounes, le patron du SAMU.
Attaques multisites
Dans la demi-heure qui suit l’explosion, un poste de regroupement des victimes est aménagé dans le hall du Quai des Savoirs, tout proche. Un premier tri de victimes est effectué sur place entre urgences absolues et relatives. La noria des ambulances commence. Avec ce test d'attaques multisites, le SAMU a mis en place des postes de regroupement de victimes, autant de petits postes médicaux avancés.
À 22 heures, une seconde attaque terroriste se produit, cette fois dans l’enceinte du Stadium avec prise d’otages. À quelques centaines de mètres du stade, le gymnase Daniel Faucher est transformé en poste médical avancé (PMA). Plusieurs sites de la ville ont été ainsi identifiés pour accueillir des PMA en cas de plan blanc. Des dizaines de personnes y sont accueillies. En attendant leur évacuation au CHU, elles sont prises en charge en fonction du degré de gravité de leurs blessures.
À 23 heures, le SAMU dresse un premier bilan : 86 victimes ont été identifiées – 8 en état d’extrême urgence ont déjà été évacuées à l’hôpital. « Les deux sites de Rangueil et Purpan accueillent des victimes mais en cas d’attaque, les cliniques privées seraient aussi mobilisées », précise le Pr Bounes.
À l’entrée du gymnase, un médecin dispatche les blessés dans les différents secteurs. L’urgentiste Franck Mengelle décrit cet endroit comme une « soupape de sécurité » pour éviter que les hôpitaux ne soient débordés. « Ici on est équipés pour faire de la réanimation, entuber et ventiler les victimes. » Dans le gymnase, certains médecins testent des lunettes Google Glass. Elles leur permettent de transmettre les premières images à la cellule de crise du SAMU et aux autorités. Mais à cet instant, une troisième attaque vient de se produire à l’aéroport Toulouse Blagnac…
Antenne psy
00 h 15, au CHU de Rangueil. Une vague de blessés est arrivée. Là aussi, le hall d’entrée a été transformé en salle d’accueil pour les urgences relatives. Le Dr Aniba Rhida évalue rapidement la situation. « Lorsque les victimes ne sont qu’impliquées ou choquées nous les dirigeons vers l’antenne psychologique ouverte un peu plus loin sur le site et qui accueillera aussi les familles ».
Non loin de là, le Pr Sandrine Charpentier, chef du service des urgences, a réquisitionné une dizaine de blocs. À ses côtés, le Dr Patrick Roux décrit un scénario qui a volontairement compliqué la situation. « La moitié des 50 victimes que nous avons prises en charge jusqu’à présent à Rangueil était des patients "fuyards". Ils sont arrivés ici par leurs propres moyens. On sait que c’est une réalité en pareille situation, or l’afflux de ces patients qui n’ont pas été triés en amont complique évidemment l’organisation des urgences. »
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