L’Union française pour une médecine libre (UFML) et la Fédération des syndicats dentaires libéraux (FSDL) sont repartis au front, samedi 11 juin à Toulouse, en exhortant médecins et chirurgiens mais aussi dentistes, pharmaciens, opticiens, kinés, infirmiers, podologues et orthophonistes à former une grande union des soignants en colère contre la loi de santé.
Leur objectif ? Établir un état des lieux des doléances par profession et reprendre la mobilisation contre la loi Touraine « là où elle s’était arrêtée » après les attentats de novembre pour peser dans la prochaine campagne présidentielle. « Le Quotidien » a assisté à cette réunion toulousaine censée relancer la dynamique contestataire.
Affolement
À 19 heures, samedi, à deux pas de la place du Capitole, le Dr Jérôme Marty, président de l'UFML, arpente le trottoir, portable vissé à l’oreille. Il attend avec fébrilité l’ouverture de la salle Sénéchal prêtée par la mairie mais encore close à dix minutes du début des débats. « Tout passe par Toulouse », avait annoncé le patron de l’UFML dans son tract adressé il y a plusieurs semaines aux diverses organisations professionnelles afin de raviver la flamme médicale dans la ville rose. Quelque 150 personnes venues de toute la France ont répondu à son appel unitaire.
Dès le début, le décor est planté. « En novembre dernier, la mobilisation était telle (contre la loi santé NDLR)… nous avions gagné ! Nous avions provoqué l’affolement général au ministère et parmi les CHU, mais avec les attentats, fidèles à notre serment d’Hippocrate, nous avons cessé le mouvement », résume le Dr Marty.
La volonté d'en découdre n'est pas retombée depuis sept mois et l'ouverture des négociations CNAM/médecins. « La loi est passée, certains décrets aussi, les négociations conventionnelles ont commencé mais il n’y a rien à en attendre ! Notre idée c’est de mobiliser le corps sanitaire dans son ensemble, puisque nous tous, voyons nos professions attaquées ! »
Dans la salle des applaudissements nourris accueillent cette première salve contre la loi Touraine et la tentative de reconstruire un mouvement médical protestataire qui reste à canaliser.
Les réseaux, « cancer de la profession »
À la tribune se succèdent des témoignages de professionnels de tous bords. Ghislaine Sicre, infirmière et présidente du syndicat Convergence, donne le ton. « Nous sommes l’une des professions les plus attaquées ! Avec la loi de santé, les infirmières seront exclues de la HAD, et leur patientèle détournée… ». Un infirmier libéral de Cherbourg enchérit, en évoquant cette fois la menace du tiers payant généralisé. « Nous voyons des cabinets libéraux qui n’arrivent plus à se faire payer de leurs actes sous des prétextes fallacieux ».
Les réseaux à l'initiative de complémentaires santé sont étrillés par de nombreux professionnels – opticiens, dentistes… « Ces réseaux sont le cancer de la profession ! Ils couvrent déjà 20 millions de patients et tous les devis passent entre leurs mains », fustige Patrick Soléra le président de la FSDL.
Vers une UFML pluridisciplinaire
La coordination des médecins libéraux et indépendants (CoMéLi) a elle aussi répondu présent avec des représentants de Gironde et des Bouches-du-Rhône. Bruno, généraliste dans un village près d’Aix-en-Provence, raconte toutefois sa difficulté à mobiliser ses confrères marseillais. « Lors de notre dernière réunion à La Timone, nous étions 500 praticiens, mais seulement quatre de Marseille, c’est très difficile. »
Une jeune généraliste de région parisienne confie sa désillusion et sa décision de quitter la France. À l’écoute, le Dr Marty exhorte ses troupes. « Ne soyez pas défaitistes ! C’est pour cela que nous lançons aujourd’hui le mouvement #Novembre Vivant. Nous souhaitons placer la problématique sanitaire au cœur des primaires et de la campagne présidentielle 2017. Je vous propose même de créer une UFML pluridisciplinaire avec un bureau dédié – incluant des membres de chaque profession, syndiqués ou non. Je vous en reparlerai dans les semaines à venir. »
Même appel à la mobilisation unitaire des libéraux de santé lancé par le Dr David Schapiro, chirurgien ophtalmologiste et militant au BLOC. « Il faut bouger, considérez-vous comme des soldats car on en veut à notre peau ! »
Santé libre
Après deux heures de débats et témoignages toniques, l’organisateur Jérôme Marty estime que le lancement du mouvement de « reconquête » est réussi. « Nous avons mobilisé 150 personnes aujourd’hui, sans compter la cinquantaine qui ont annulé à la dernière minute à cause des grèves, assure-t-il. Nous prévoyons déjà une réunion à Paris fin août puis d’autres suivront en province avant le lancement des primaires ».
Pour clore cette soirée, les professionnels de santé se rendent place du Capitole, vêtus de leur T-shirt : « Je suis loi santé libre », pour une photo souvenir. La première action flash, qui, promettent-ils, ne sera pas la dernière !
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