MICHÈLE ALLIOT-MARIE était invitée jeudi dernier au ministère de la Santé. Roselyne Bachelot et son homologue à la Justice ont en effet présenté ensemble et publiquement un « plan d’actions stratégiques » pour la période 2010-2014, destiné à construire une « politique de santé pour les personnes placées sous main de justice ».
C’est le constat de la situation assez déplorable qui a poussé la ministre de la Justice à prendre des mesures, et avant tout le nombre important de suicides en prisons. C’est pourquoi elle avait mis en place il y a un an un plan de prévention, qui s’est traduit par la formation des surveillants, la dotation des établissements pénitentiaires en kits antisuicide (constitués de pyjamas en papier à usage unique, matelas antifeu..., qui avaient été d’ailleurs assez largement décriés) et l’ouverture de huit cellules de protection d’urgence. Une certaine amélioration est notable, estime la ministre, qui avance des chiffres : on déplore aujourd’hui 90 suicides en prison contre 104 l’an passé.
Plus de troubles psychiatriques.
C’est aussi la prévalence, élevée, d’un certain nombre de pathologies chez les personnes incarcérées qui ont poussé les deux ministères à travailler ensemble sur une action commune. Infections à VIH, hépatite C, précise Roselyne Bachelot, mais encore tuberculose dont l’incidence est en prison 8 à 10 fois supérieure à la moyenne nationale. La ministre de la Justice a pour sa part insisté sur les troubles psychiatriques, qui seraient repérés chez 55 % des arrivants en détention. « Le taux de recours aux soins psychiatriques est dix fois supérieur chez les détenus par rapport aux personnes libres ».
Les caractéristiques sociodémographiques de la population carcérale (c’est-à-dire socialement démunie) justifient également la mise en place d’un tel plan, explique encore Roselyne Bachelot. On connaît l’impact de l’incarcération sur la santé ainsi que celui d’un paradigme nouveau, le vieillissement de la population carcérale, qui explique l’augmentation de la prévalence des maladies chroniques.
Éduquer à la santé.
Le plan se décline en 6 axes, 18 mesures, 40 actions et suit trois grands principes, a souligné Roselyne Bachelot. D’abord, les personnes incarcérées doivent bénéficier de la même qualité et de la même continuité de soins que la population générale. Ensuite, les plans et les programmes de santé publique, comme la lutte contre le cancer par exemple, doivent (cela paraît évident) être mis en œuvre en milieu carcéral. Enfin, « la prévention et les soins initiés ou poursuivis pendant la période de l’incarcération doivent contribuer au maintien et à l’amélioration de l’état de santé des personnes détenues ».
Le plan vise notamment à ce que les détenus « apprennent à se réapproprier leur santé. La détention, malgré les contraintes qui lui sont propres, peut être ce temps de découverte des dispositifs de prévention et d’éducation à la santé ». Cela devrait passer par des programmes de dépistage rendus plus accessibles, l’accès à la pratique d’un sport, l’amélioration de la santé bucco-dentaire. « La réinsertion sanitaire est une étape fondamentale de la réinsertion sociale ».
Un rapport d’étape sera remis en janvier 2011, a assuré la ministre de la Justice.
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