C'est dans un climat social très tendu que la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, est arrivée ce mercredi 28 novembre à la Réunion, paralysée depuis plus de dix jours par les blocages des « gilets jaunes ». Peu après l’atterrissage, la ministre a fait face à un groupe de manifestants qui a hué ses premières déclarations.
Une trentaine de barrages étaient encore recensés par la Direction régionale des routes. Les manifestants réclamaient pêle-mêle une suppression des cotisations sociales, une meilleure prise en compte « des besoins des Réunionnais » et la fin de l'octroi de mer (une taxe spécifique qui s'applique à la plupart des produits importés).
Plan Orsec carburants, suspension des cours pour les écoles, fermeture de certaines administrations : ces barrages compliquent également considérablement l'accès aux services de santé.
Sur le site sud du CHU de la Réunion, à Saint-Pierre, les journées de mercredi et jeudi s'annonçaient très compliquées. « Les blocs sont déprogrammés, on ne garde que les urgences vitales. On double les effectifs de garde, dans mon service il y aura donc deux médecins de garde et deux internes », témoigne le Dr Hélène Flye Sainte Marie, gynécologue obstétricienne au sein de l'établissement.
Le quotidien des soignants et des patients était déjà fortement perturbé depuis une dizaine de jours. « Depuis le lundi 19 novembre, nous avons du mal à accéder à l'hôpital, raconte encore le Dr Flye Sainte Marie. Ce jour-là, je ne me suis pas méfiée, je n'ai pas mis mon caducée. J'ai été bloquée pendant deux heures sur la route et la nuit est tombée. Une bande de jeunes, apparemment alcoolisés, a profité du bouchon pour agresser les gens. Ils sont rentrés dans ma voiture pour demander de l'argent. Depuis, on s'arrange pour faire du covoiturage avec les infirmières qui prennent leur poste à 7 heures le matin, et on repart plus tôt le soir, avant la nuit. »
Stress et rattrapage
Ce changement d'horaires a des conséquences : la plupart des consultations non-urgentes sont reportées, ce qui suscite parfois le mécontentement des patients. « Je m'occupe de femmes qui sont dans une procédure de fécondation in vitro, qui attendent un transfert d'embryon, ce n'est donc pas facile pour elles, indique la spécialiste. Tout le monde est un peu stressé. Il va falloir rattraper tout le travail que nous n'avons pas pu faire… »
Outre la perturbation de l'activité hospitalière, les stations-service sont réquisitionnées et les supermarchés manquent de produits. « On sent une tension sournoise qui monte et se met en place, confie le Dr Hélène Flye Sainte Marie. Au début, les gens étaient patients et calmes – d'autant qu'une partie des Réunionnais comprenait le mouvement – mais là ça devient compliqué pour tout le monde. J'espère que cela ne va pas durer. »
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