UN DÉFI. Jusqu’alors on ne savait que très peu de chose sur la mortalité des infections respiratoires basses (IRB) à VRS (virus respiratoire syncytial) dans les pays en développement. Si la majorité des enfants sur la planète y vivent, les données sont peu abondantes et non publiées pour la plupart. Une étude soutenue par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et la fondation Bill et Melinda Gates vient d’évaluer la responsabilité du VRS dans les IRB chez les enfants de moins de 5 ans au niveau mondial, en intégrant les données non publiées dans leur analyse. Selon les résultats de l’étude, le VRS serait bien le pathogène le plus fréquent des IRB dans cette classe d’âge à travers le monde et l’une des principales causes d’hospitalisation pour pneumopathies sévères. Le VRS serait ainsi la troisième cause de mortalité infantile par IRB, après le pneumocoque et l’Hæmophilus influenzae. Mais, contrairement à ces derniers, il n’existe pas encore de vaccin disponible en prévention du VRS. « Le développement de nouvelles stratégies préventives doit être accéléré et considéré comme prioritaire », souligne ainsi l’équipe internationale dirigée par le Dr Harish Nair, de l’université d’Edimbourg. Les chercheurs ont en effet estimé l’incidence mondiale des nouveaux épisodes d’IRB à 33,8 millions en 2005. Entre 66 000 et 199 000 enfants de moins de 5 ans sont décédés d’une IRB à VRS, avec 99 % de ces cas sont survenus dans les pays en voie de développement. Au moins 3,4 millions d’enfant ont été hospitalisés en 2005 à travers le monde pour pneumopathie grave, en sachant que l’incidence et la mortalité peuvent varier de façon conséquente d’une année à l’autre pour un même pays.
Une méthodologie singulière.
L’estimation réalisée par l’équipe du Dr Harish Nair est une prouesse épidémiologique, en raison du peu de données disponibles. Comme le fait remarquer dans un éditorial la pédiatre Caroline Breese Hall de l’université de Rochester à New York, « cet article est singulier par la multiplicité des approches analytiques et l’inclusion de données non publiées ». L’équipe s’est appuyée sur une revue systématique des articles publiés entre janvier 1995 et juin 1999, ainsi que sur 10 études de populations non publiées. Les épidémiologistes ont ainsi combiné les taux de mortalité avec l’incidence estimée des registres hospitaliers, qu’ils soient publiés ou non. De plus, ils ont différencié les études de populations selon la saisonnalité du VRS et la mortalité mensuelle par IRB. Les données des pays industrialisés ont été comparées à celles pays en développement par zone géographique.
Des mesures d’attente.
Le réservoir mondial de VRS est en train de croître, avec un déséquilibre très prononcé. Les pays pauvres concentrent 96 % des IRB par VRS, et 99 % des décès. Le fait que 90 % des enfants de moins de 5 ans y résident ne peut expliquer à lui seul ces résultats. En 25 ans, la population mondiale a augmenté de 43 %, et la quasi-totalité des naissances ont eu lieu dans les pays en développement, l’Afrique subsaharienne en particulier. D’après l’analyse de Nair, entre 1986 et 2005, le nombre d’enfants admis pour infection à VRS a plus que doublé dans ces zones défavorisées, tandis que l’incidence des IRB par VRS est le double des pays industrialisés. Les mauvaises conditions socio-économiques et environnementales augmentent le risque de pneumopathies chez les enfants, mais surtout le risque d’en mourir. En attendant qu’un vaccin soit disponible, certaines mesures permettraient de baisser facilement la mortalité liée aux pneumopathies à VRS. Selon les auteurs, il s’agirait d’encourager le recours aux services de santé, d’assurer des réserves d’oxygène suffisantes dans les hôpitaux, voire de proposer dans certaines situations une immunoprophylaxie par anticorps monoclonaux.
The Lancet, publication en ligne du 16 avril 2010.
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