Une équipe du CNRS et de l'université de Bordeaux a élucidé le mécanisme par lequel les agrégats de peptides amyloïdes, une des caractéristiques de la maladie d'Alzheimer, perturbent la plasticité synaptique, phénomène considéré comme étant à la base de la mémorisation et de l'apprentissage. Leurs résultats sont publiés dans « Cell Reports ».
« Notre étude apporte une nouvelle pierre à la compréhension du mécanisme d'action des peptides amyloïdes, une étape indispensable avant d'envisager de développer des thérapies », indique au « Quotidien » Daniel Choquet, un des auteurs de l'étude.
CaMKII, une enzyme fondamentale pour la plasticité synaptique
De précédentes études ont montré les effets négatifs de l'accumulation de peptides amyloïdes sur la plasticité synaptique. « La plasticité synaptique est un phénomène qui permet aux neurones d’adapter leurs réponses à certaines stimulations neuronales », explique Daniel Choquet. Grâce à des modèles de neurones de souris, les chercheurs ont mis en évidence les mécanismes moléculaires et cellulaires par lesquels les oligomères de peptides amyloïdes modifient ce phénomène, mettant ainsi à jour un possible lien entre agrégats de peptides amyloïdes et troubles cognitifs et de la mémoire liés à la maladie d'Alzheimer.
La plasticité synaptique implique une cascade de signalisation, faisant notamment intervenir la Ca2+/calmodulin-dependent kinase II (CaMKII). « Nous avons découvert que les oligomères des peptides amyloïdes sont capables de détourner la fonction normale de cette enzyme clé en la préactivant. Cette préactivation pathologique empêche la plasticité synaptique d'avoir lieu normalement », raconte le chercheur.
Développer des inhibiteurs spécifiques
Dans un deuxième temps, Daniel Choquet et son équipe ont montré qu'inhiber la protéine CaMKII avant qu'elle ne soit détournée par les peptides amyloïdes permet de restaurer une fonction synaptique normale. Pour autant, Daniel Choquet reste prudent en termes de perspectives thérapeutiques : « Inhiber cette enzyme aurait des effets néfastes en raison de son rôle très important. »
D'autres étapes restent ainsi à franchir avant le développement de thérapies. La façon dont les peptides amyloïdes préactivent l'enzyme CaMKII reste à décrypter. De plus, « nous envisageons également de développer des inhibteurs de CaMKII spécifiques des peptides amyloïdes, le but étant de bloquer cette voie d'activation sans altérer la voie normale, qui est vitale », note Daniel Choquet.
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