Deux études rétrospectives, l’une basée sur une cohorte suédoise, l’autre canadienne, publiées dans le « JAMA », reviennent sur le surrisque d’autisme et d’hyperactivité associé avec la prise d’antidépresseurs pendant la grossesse, en particulier au premier trimestre. Ces deux études montrent une absence de lien entre ces deux phénomènes, et l’implication d’autres facteurs de risque.
L’étude canadienne s’est ainsi basée sur près de 36 000 naissances survenues entre 2002 et 2010, chez des femmes ayant pris des médicaments pendant leur grossesse (soit 4,2 % des naissances). Pour les 2 837 grossesses pendant lesquelles les femmes avaient pris des antidépresseurs sérotoninergiques, 2 % des enfants ont été diagnostiqués avec un trouble du spectre autistique (TSA). L’incidence était plus élevée pour les enfants dont les mères avaient été exposées aux antidépresseurs pendant la grossesse, mais cette association n’était pas significative quand on comparait les enfants exposés à leurs frères ou sœurs non exposés, ou quand les autres cofacteurs possibles étaient pris en compte.
Les auteurs en déduisent que « même si on ne peut pas exclure totalement une relation de cause à effet, l’association précédemment observée pourrait s’expliquer par d’autres facteurs ».
Non-association
L’étude basée sur la cohorte suédoise, de plus grande ampleur, confirme ces résultats. Elle s’est appuyée sur l’analyse de 1 580 629 grossesses survenues entre 1996 et 2012, pour lesquelles 1,4 % des mères avaient pris des antidépresseurs durant le premier trimestre. Les auteurs rapportent 6,98 % de naissances avant terme parmi les enfants exposés aux antidépresseurs (contre 4,78 % parmi les enfants non exposés), 2,54 % de faible poids gestationnel (contre 2,19 %), 5,28 % de TSA (contre 2,14 %), et 12,63 % de troubles du déficit de l’attention/hyperactivité (TDAH) (contre 5,46 %).
Mais, à part la naissance avant terme, ces différences ne sont pas significatives quand sont aussi observés les frères et sœurs non exposés et quand sont pris en considération d’autres paramètres, tels que la prise d’antidépresseurs par la mère avant la grossesse, ou par le père, l’âge des parents ou le niveau d’éducation. « À notre connaissance, c’est l’étude la plus forte qui existe, et elle permet de montrer la non-association entre prise d’antidépresseurs au premier trimestre de grossesse et risque d’autisme ou de TDAH », estime l’auteur principal, le Pr Brian D’Onofrio, de l’université de Bloomington, dans l’Indiana. Chaque femme doit soigneusement peser avec son médecin les bénéfices et les risques qui existent à la prise d’antidépresseurs pendant la grossesse, mais cette étude suggère que cela pourrait être plus sûr que l’on ne le croyait. »
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