« Nous vivons une période très excitante dans l’asthme sévère, car de nouvelles biothérapies arrivent », se réjouit le Pr Antoine Magnan, qui poursuit ses travaux au sein de l’UMR Inserm 1087, unité de recherche de l’Institut du thorax à Nantes. Après les anti-IgE commercialisés depuis une dizaine d’années, les anti-IL-5 sont en effet disponibles depuis quelques semaines. Leur mise à disposition est l’aboutissement de nombreuses années de recherche fondamentale et d’avancées dans la compréhension des mécanismes physiopathologiques de la maladie.
« Nous devrions aussi avoir à terme des anti-IL-4R et anti-IL-13R. C’est une bonne nouvelle pour tous les chercheurs qui se sont impliqués dans cette voie. On pourrait imaginer que l’arrivée de nouveaux médicaments soit un frein pour la recherche, poursuit le Pr Magnan. Or ce n’est pas le cas, c’est même plutôt un accélérateur pour aller plus loin. C’est important, car il reste des patients non répondeurs à ces nouveaux traitements. »
Tout un nouveau champ de recherches s’ouvre donc aujourd’hui pour mieux identifier les patients répondeurs et non répondeurs, « afin de pouvoir prescrire un traitement personnalisé, préventif et économiquement viable, précise le Pr Magnan. Mais, au-delà de leur impact sur la pratique, ces recherches devraient également permettre d’affiner encore les connaissances sur la physiopathologie de l’asthme sévère, de découvrir de nouveaux phénotypes et donc de nouvelles cibles thérapeutiques potentielles ».
L’équipe de recherche de Nantes est organisée avec dix autres centres en France en un réseau de recherche sur l’asthme sévère, Crisalis. Ce réseau, coordonné par les Prs Alain Didier et Antoine Magnan, a été labellisé en janvier dernier par l’F-Crin (French Clinical Research Infrastructure Network), structure créée dans le cadre du programme des Investissements d’avenir.
« Pour le réseau Crisalis, cette labellisation est très importante. Elle accroît le potentiel d’inclusion dans les essais et les chances de succès lors des appels d’offres européens et de projets hospitaliers de recherche clinique (PHRC), estime le Pr Magnan, qui est également président administrateur du Comité national de coordination de la recherche (CNCR). Nous allons pouvoir travailler à partir de nouvelles cohortes de patients, qui vont avoir des traitements variés. »
« Nous avons récemment soumis un PHRC pour l’étude de la signature génomique des patients traités par anti-IL-5, afin de tenter de trouver des critères de réponse ou de non-réponse au traitement plus fins que l’hyperéosinophilie. La recherche française sur l’asthme sévère se porte donc plutôt bien », conclut le Pr Magnan.
D’après un entretien avec le Pr Antoine Magnan, Institut du thorax, Nantes.
(1) Les 11 centres du réseau Crisalis : Toulouse, Marseille, Montpellier, Nantes, Lille, Dijon, Strasbourg, Lyon, Bordeaux, Bichat, Bicêtre
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