Une étude française menée par la Sorbonne Université met en évidence l'intérêt de l'oxygénation par membrane extracorporelle (ECMO) dans le cadre de la prise en charge du syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) lié au Covid-19. Ces résultats sont parus dans le « Lancet Respiratory Medicine ».
« L'ECMO est une technique d'assistance respiratoire extracorporelle dont les indications sont larges, mais qui concernent toujours des patients avec un SDRA très sévère pour lesquels toutes les autres approches ont échoué », explique au « Quotidien » le Pr Alain Combes, chef du service de réanimation médicale à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris et co-auteur de l'étude.
Durée médiane de traitement de 3 semaines
Les 83 patients inclus dans cette étude de cohorte rétrospective entre le 8 mars et le 2 mai ont été pris en charge dans les unités de soins intensifs des hôpitaux de la Pitié-Salpêtrière, de Tenon et de Saint-Antoine (AP-HP). « Ce sont des patients en insuffisance respiratoire réfractaire, c'est-à-dire en situation d'échec vis-à-vis de la ventilation conventionnelle et du décubitus ventral et présentant un risque élevé de décès à court terme, précise le Pr Combes. Ce sont les malades les plus graves rapportés à ce jour dans la littérature pour un SDRA. »
Le rapport médian PaO2/FiO2 des patients était très faible (60 mmHg), et l'âge médian de 49 ans. « Cette technologie ne peut pas être appliquée à tous les patients, car c'est une intervention lourde, avec des durées de prise en charge longues. Les patients doivent avoir une réserve physiologique suffisante pour supporter un tel traitement, d'où un âge relativement jeune des patients », détaille le Pr Combes.
Par rapport aux études précédentes évaluant l'ECMO dans le cadre de SDRA non lié au Covid, dont l'étude française EOLIA conduite par le Pr Combes et publiée en 2018 dans le « New England Journal of Medicine », la durée de l'ECMO était beaucoup plus longue du fait de la gravité de la maladie Covid. La durée médiane était de 3 semaines pour les patients Covid, et la durée médiane totale du séjour en réanimation était de 36 jours.
Deux tiers des patients encore vivants à 60 jours
« Malgré cette gravité extrême, l'ECMO a permis la survie à 60 jours de plus des deux tiers des patients Covid. Des résultats semblables à ceux observés dans les autres études, rapporte le Pr Combes. La plupart sont aujourd'hui rentrés chez eux, mais nous sommes toujours en contact avec eux pour un suivi à plus long terme et pour identifier les potentielles séquelles. »
Les effets indésirables rapportés sont ceux attendus avec l'ECMO, en particulier un risque de saignements et d'infection au niveau des canules. « Du fait de la longue durée de ventilation, nous avons également eu davantage de pneumonies nosocomiales que dans d'autres études, mais celles-ci ont bien été détectées et prises en charge par antibiotiques », ajoute le réanimateur.
Ces résultats encourageants incitent à la mise en place précoce de l'ECMO sur la base des critères d'inclusion et d'exclusion mis en évidence dans l'étude. « Plus on attend, moins bon sera le pronostic », souligne le Pr Combes. Il plaide pour « un déploiement plus important de réseaux de soins coordonnés au niveau territorial par des centres experts, capables de mettre en place des équipes mobiles, car ce sont des malades qui ne peuvent être transportés ».
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