Chez des sujets dyslipidémiques, les statines protégeraient de la maladie d'Alzheimer

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Publié le 12/12/2016
statines

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Crédit photo : PHANIE

Les statines pourraient avoir un effet sur la survenue de la maladie d'Alzheimer chez les personnes âgées de 65 ans et plus qui en prennent depuis plusieurs années à fortes doses, selon une étude menée par des chercheurs américains et publiée dans le journal « JAMA Neurology ».

Les scientifiques sont partis de l'hypothèse que les statines, en diminuant les niveaux de cholestérol circulant, permettent de réduire la formation des peptides bêta-amyloïdes, à l'origine des plaques amyloïdes, et de prévenir la survenue de la maladie d'Alzheimer. De précédentes études chez des patients atteints de cette pathologie et traités par statines n'avaient pas permis de mettre en évidence un quelconque effet de ces molécules sur la maladie, mais ces études ne prenaient pas en compte l'existence ou non d'une dyslipémie.

Forte exposition versus faible exposition

Dans l'étude du « JAMA neurology », les chercheurs se sont intéressés à l'incidence de la maladie d'Alzheimer entre 2009 et 2013 chez 399 979 patients américains âgés de 65 ans ou plus ayant été traités par statines pour des problèmes de dyslipémie entre 2006 et 2008. Quatre statines, parmi les plus couramment utilisées aux États-Unis, ont été étudiées (simvastatine, atorvastatine, pravastatine, rosuvastatine), et le lien entre prise de statines et maladie d'Alzheimer a été évalué en fonction du sexe et de l'origine ethnique des individus (noirs, hispaniques, blancs).

Deux niveaux d'exposition à ces médicaments ont été définis : une forte exposition aux statines (sujets qui ont suivi leurs prescriptions pendant au moins le 50e percentile de jours de prescriptions sur une année donnée et sur une période d'au moins deux ans entre 2006 et 2008) et un groupe faiblement exposé (les autres patients).

Sexe et origine ethnique impliqués

Les personnes fortement exposées entre 2006 et 2008 avaient 10 % moins de risque de se voir diagnostiquer une maladie d'Alzheimer dans les 5 années suivantes que ceux faiblement exposés. Le risque de survenue de la maladie d'Alzheimer était plus faible pour chacune des quatre statines étudiées et différait selon l'origine ethnique. La prise de simvastatine était associée à un plus faible risque de survenue de la maladie d'Alzheimer chez les femmes et les hommes blancs, les femmes et les hommes hispaniques et les femmes noires.

L'atorvastatine était associée à un risque d'incidence réduit de la maladie chez les femmes blanches, les femmes noires, les femmes et les hommes hispaniques. La pravastatine et la rosuvastatine n'étaient associées à un risque réduit d'Alzheimer que pour les femmes blanches. En revanche, une forte exposition aux statines n'a pas permis de réduire le risque de survenue d'Alzheimer chez les hommes noirs.

Pour les chercheurs américains, les différences observées en fonction des origines ethniques des individus s'expliquent probablement par des réponses différentes aux statines, elles-mêmes fonction de variabilités génétiques. Le risque de développer la maladie d'Alzheimer étant plus élevé parmi les minorités ethniques vivant aux États-Unis, les scientifiques suggèrent que les prescriptions de statines prennent en compte ces données : « Le bon type de statines pour la bonne personne au bon moment pourrait constituer un moyen relativement peu coûteux de réduire l'impact de la maladie d'Alzheimer », concluent les auteurs.


Source : lequotidiendumedecin.fr