La génétique est loin de tout expliquer dans les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI). Alors que les données épidémiologiques appellent à s'intéresser de plus près aux interactions de l'hôte avec l'environnement, la bactérie E. coli semble être impliquée dans la physiopathologie, selon une étude publiée dans « Cell ».
Plus précisément, il s'agit d'une toxine produite par la bactérie qui est en cause, la microcine B17, assez fréquemment retrouvée au niveau intestinal. L'étude va au-delà de la seule responsabilité des bactéries. Le mécanisme identifié met en jeu une classe de composés aromatiques, la classe des oxazoles, qui peuvent provenir des toxines bactériennes, mais aussi de l'alimentation et de produits industriels.
Une prévalence en hausse partout dans le monde
Mieux comprendre la physiopathologie des MICI est un axe de recherche important. La prévalence des MICI est en augmentation rapide dans le monde, y compris dans des pays épargnés jusqu'alors.
La découverte est le fruit d'une collaboration anglosaxonne entre une équipe dont les travaux portent sur la gastro-entérologie à la faculté de médecine de Harvard (Boston) et une autre britannique de chimie biologique au centre John Innes (Norwich), qui travaille de longue date sur la microcine B17 comme… potentiel antibiotique. La bactérie E. coli se sert en effet de cette toxine pour se défendre des autres bactéries au niveau de l'intestin.
Une inflammation médiée par les NKT
Dans leurs travaux, les chercheurs ont montré comment les dérivés oxazoles environnementaux entraînent une inflammation intestinale. Ces petits composés entraînent une inflammation dépendant des cellules T Natural Killer (NKT) via l'expression de CD1d à la surface des cellules épithéliales intestinales. Un maillon clef est la voie intracellulaire du récepteur aryl hydrocarbone (AhR) activée par les métabolites tryptophane des oxazoles. Les chercheurs montrent qu'une déplétion en AhR dans l'épithélium intestinal bloque la réponse inflammatoire induite par les oxazoles.
Ces résultats ouvrent des perspectives pour de futurs traitements dans les MICI. Pour le Pr Anthony Maxwell du centre John Innes, l'étude met en lumière le rôle du microbiote dans les MICI : « Ce qu'on voit ici, c'est que ce n'est pas la bactérie E. coli mais la toxine produite par la bactérie qui semble avoir un effet. La bactérie produit cette toxine pour tuer ces voisines dans la lutte pour des niches écologiques mais il semble que les produits de dégradation de la toxine peuvent entraîner une inflammation intestinale. »
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