Coronavirus : la recherche internationale s'active pour trouver un traitement spécifique

Par
Publié le 31/01/2020
Article réservé aux abonnés

Crédit photo : AFP

Alors que le coronavirus a déjà fait près de 10 000 victimes et entraîné plus de 200 décès, les équipes de recherche s'organisent à travers le monde pour apporter des solutions rapides à cette épidémie.

REACTing, un consortium multidisciplinaire prévu pour faire face aux crises sanitaires liées aux maladies infectieuses émergentes, a rapidement été activé par l'INSERM, en partenariat notamment avec le CNRS et les hôpitaux. L'objectif est « d'identifier les projets de recherche qui peuvent être mis en place rapidement », a expliqué le Pr Yazdan Yazdanpanah, directeur de l’Institut immunologie, inflammation, infectiologie et microbiologie à l’INSERM et chef du service maladies infectieuses à l’hôpital Bichat (AP-HP), lors d'un point presse INSERM. Il a souligné l'importance d'une recherche collaborative et du partage des données à l'échelle de la France, de l'Europe et à l'international.

Un appel à projet de 10 millions d'euros

Depuis le début de l'épidémie, les publications scientifiques se multiplient et permettent de mieux cerner ce nouveau virus. Pour booster les recherches, la Commission européenne a par ailleurs lancé le 30 janvier un appel à projets d'une valeur de 10 millions d'euros pour financer des projets qui permettront de mieux comprendre le coronavirus et ainsi mieux lutter contre l'épidémie en cours.

L'identification d'un traitement spécifique validé est un axe essentiel de la recherche. Il existe d'ores et déjà des médicaments candidats potentiels, notamment grâce aux travaux menés sur le SRAS et le MERS-CoV.

Recourir à un traitement du VIH

Selon le Pr Yazdanpanah, trois des stratégies thérapeutiques envisagées sont déjà à un stade avancé. L'une d'elles s'appuie l'association lopinavir/ritonavir (commercialisé sous le nom Kaletra), déjà utilisée dans le VIH. En Chine, elle a déjà été délivrée dans le cadre d'essais cliniques.

Une deuxième stratégie consiste à utiliser le Kaletra en complément d'un interféron. « Cette combinaison fait l'objet d'une étude sur le MERS-CoV en Arabie Saoudite, dont les résultats sont attendus », précise l'infectiologue.

La troisième stratégie repose sur le remdesivir. « Ce médicament a été utilisé pour le virus Ebola et montrait un bon profil de tolérance chez l'homme, mais les données d'efficacité manquent encore », souligne le Pr Yazdanpanah.

Il a par ailleurs annoncé que l'OMS allait rapidement lancer un essai clinique randomisé international, sans toutefois préciser avec quelle molécule. « En attendant les résultats, nous souhaiterions pouvoir utiliser ce traitement au moins chez les patients graves et peut-être dans le cadre d'un usage compassionnel », espère-t-il.

Cultiver le virus pour tester des vaccins et des traitements

Autre préoccupation majeure : la prévention par le biais de la vaccination des cas contacts. Trois vaccins candidats contre les coronavirus ont déjà été identifiés en phase I. « L'OMS pousse pour qu'ils soient évalués en phase IIb, voire III », rapporte l'infectiologue, qui estime toutefois que l'« on n'aura pas de vaccin pour cette épidémie ». En effet, comme l'a rappelé le Pr Bruno Hoen, directeur de la recherche médicale de l'Institut Pasteur, « les vaccins sont soumis à de fortes contraintes de développement et donc de temps ». D'autres protocoles portent sur la prophylaxie post-exposition.

L'Institut Pasteur a par ailleurs réalisé le séquençage complet du génome viral du coronavirus 2019-nCoV à partir d'échantillons prélevés sur les premiers cas français confirmés. L'isolement et la culture des souches du virus vont notamment permettre aux chercheurs de pouvoir tester des molécules antivirales connues.

En France, six cas sont confirmés, dont deux sont pris en charge en service de réanimation. Le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé a déclaré l'urgence de santé publique de portée internationale concernant l'épidémie de 2019-nCoV.


Source : lequotidiendumedecin.fr