Fréquente chez les patients présentant un infarctus aigu du myocarde, l’anémie est associée à de mauvais résultats cliniques. La stratégie transfusionnelle optimale et le taux d'hémoglobine qui doit déclencher la transfusion dans cette population restent pourtant incertains par manque de données solides.
Un premier essai randomisé international, baptisé « REALITY », mené par le département de cardiologie de l’hôpital Bichat-Claude-Bernard (AP-HP)*, a comparé deux stratégies transfusionnelles chez 668 patients (âge médian de 77 ans, 42.2 % de femmes) anémiques (taux d’hémoglobine entre 7 et 10 g/dl) présentant un infarctus du myocarde.
Publiée dans « JAMA », l’étude montre la non-infériorité d’une stratégie transfusionnelle « restrictive » (déclenchée par une hémoglobine ≤ 8 g/dl) comparée à une stratégie « libérale » (déclenchée par l'hémoglobine ≤10 g/dl) en termes d’évènements cardiovasculaires dans les 30 jours suivant l’infarctus.
Une nouvelle piste pour la pratique clinique
À 30 jours, un événement cardiovasculaire indésirable majeur (décès toutes causes, accident vasculaire cérébral, infarctus du myocarde récurrent ou revascularisation d'urgence provoquée par une ischémie) est survenu chez 36 patients (11 %) dans le groupe « restrictif » et chez 45 patients (14 %) dans le groupe « libéral ».
« Dans les groupes restrictif vs libéral, un décès toutes causes est survenu chez 5,6 % vs 7,7 % des patients, un infarctus du myocarde récurrent chez 2,1 % vs 3,1 %, une revascularisation d'urgence provoquée par une ischémie chez 1,5 % vs 1,9 % et un AVC ischémique non mortel chez 0,6 % des patients des deux groupes », est-il détaillé.
Selon les auteurs, si la décision d’une transfusion ne repose pas uniquement sur le taux d'hémoglobine, « le résultat observé suggère qu'il pourrait y avoir du mérite à une stratégie restrictive, qui n'a pas d'inconvénient apparent en termes de logistique ».
Au-delà des résultats cliniques, les auteurs mettent en avant d’autres bénéfices théoriques d’une stratégie « restrictive » : réduction de la consommation de ressources sanguines « de plus en plus rares », réduction des effets indésirables de la transfusion, économies potentielles et gains logistiques.
« Ces résultats devraient avoir un impact sur la pratique clinique », estime un communiqué de l’AP-HP, indiquant la poursuite du suivi des patients à un an et la réalisation d’une analyse médico-économique détaillée.
* Et notamment par les Pr Grégory Ducrocq et Gabriel Steg, en collaboration avec l’Université de Paris, l’Inserm, et l’unité de recherche clinique Est de l’hôpital Saint-Antoine AP-HP (Pr Tabassome Simon).
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