Selon l'essai randomisé contrôlé LoDoCo2 (1), la colchicine, traitement habituellement indiqué dans la goutte, est associée à une réduction du risque d'événement cardiovasculaire lorsqu'elle est utilisée dans le cadre de la prévention secondaire chez des patients atteints d'une coronaropathie chronique. L'étude, parue dans le « New England Journal of Medicine », a été menée initialement en Australie avant d'être étendue aux Pays-Bas.
« Malgré les progrès des traitements, les patients atteints de coronaropathie courent un risque à vie de crise cardiaque, d’accident vasculaire cérébral et de stent ou de pontage, rappelle au « Quotidien » Mark Nidorf, premier auteur de l'étude. En fait, les thérapies actuelles ne ciblent pas spécifiquement les processus inflammatoires qui se produisent lorsque le cholestérol s'accumule dans les artères ».
Des patients stables depuis plus de deux ans
En fin d'année 2019, l'étude randomisée contrôlée COLCOT (2), portant sur 4 745 patients et publiée également dans le « New England Journal of Medicine », mettait en évidence les effets anti-inflammatoires de la colchicine (0,5 mg/jour) chez des patients ayant eu un infarctus dans le mois précédant l'étude.
Dans ce nouvel essai, les patients inclus étaient stables depuis au moins six mois. « La majorité était cliniquement stable depuis plus de deux ans, précise Mark Nidorf. Les participants ressemblaient donc beaucoup à ceux que l'on voit dans la plupart des cliniques de cardiologie et qui viennent régulièrement pour leur examen, plutôt qu'à ceux qui sont vus à l'hôpital ».
Au total, 5 522 patients ont été inclus entre le 4 août 2014 et le 3 décembre 2018 pour un suivi médian de 28,6 mois : 2 762 ont reçu de la colchicine (0,5 mg/jour) et les 2 670 autres un placebo. Les patients recrutés, d'âge moyen 66 ans et à 15,3 % des femmes, étaient pris en charge au sein de 13 centres australiens et de 30 néerlandais. Les patients étaient traités pour leur maladie coronarienne par antiplaquettaire ou anticoagulant (99,7 %), hypolipidémiant (96,6 %), bêtabloquant (62,1 %) ou inhibiteur du système rénine-angiotensine (71,7 %).
Réduction du risque de 31 %
La colchicine a permis une réduction du risque de survenue du critère d'évaluation principal de 31 %, et ce indépendamment des autres traitements en cours. Ce critère composite — qui prend en compte les décès cardiovasculaires, infarctus du myocarde spontané, AVC ischémiques ou revascularisation coronaire à la suite d'une ischémie — est survenu chez 6,8 % des patients du groupe colchicine et 9,6 % du groupe placebo.
« L’effet du traitement, principalement dû à une réduction du risque d’infarctus du myocarde et à un moindre recours à la revascularisation pour ischémie, a été évident au cours des premiers mois et s'est maintenu tout au long de l’essai », souligne Mark Nidorf.
Le critère d'évaluation secondaire est également composite, englobant notamment décès cardiovasculaire, infarctus du myocarde spontané et AVC ischémique. Il est survenu chez 4,2 % des patients traités par colchicine et 5,7 % des patients du groupe placebo, ce qui correspond à une réduction du risque de 28 %.
Une bonne tolérance
« Notre essai confirme que la colchicine à faible dose est sûre et bien tolérée, note Mark Nidorf. Il est rassurant de constater l'absence de différence en termes de nombre de cancers et d'infections entre le groupe colchicine et le groupe placebo, ainsi que la faible incidence de la neutropénie et de la myotoxicité et l'absence de signal concernant toute cause de décès non cardiovasculaire ».
Ces nouveaux résultats confirment ainsi l'intérêt d'un traitement anti-inflammatoire chez les patients coronariens, en cohérence avec ceux de l'étude COLCOT et de l'étude CANTOS, parue en 2017 dans le « New England Journal of Medicine » (3). « L'essai CANTOS a fourni des preuves suggérant que l'inflammation joue un rôle causal dans la pathogenèse des maladies cardiovasculaires et des complications associées et que les interventions visant à atténuer l'inflammation peuvent réduire le risque d'événements cardiovasculaires », soulignent les auteurs de l'étude LoDoCo2.
(1) S. M. Nidorf et al., NEJM, DOI: 10.1056/NEJMoa2021372, 2020.
(2) J.-C. Tardif et al., NEJM, DOI: 10.1056/NEJMoa1912388, 2019.
(3) P. M. Ridker et al., NEJM, DOI: 10.1056/NEJMoa1707914, 2017.
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