La mobilisation en cours à Hong Kong impacte la santé mentale des habitants

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Publié le 10/01/2020

Crédit photo : AFP

Des chercheurs de l’Université de Hong Kong révèlent l’impact des manifestations en cours depuis le printemps dans l’ancienne colonie britannique sur la santé mentale des habitants.

Publiés dans « The Lancet », les résultats indiquent que près d’un tiers des Hongkongais adultes (31,6 %) présente des symptômes de trouble de stress post-traumatique (PTSD pour Post-traumatic stress disorder). Ils sont par ailleurs 37,4 % à être affectés par des symptômes de dépression, 4,3 % par des pensées suicidaires et 11,2 % présentent les symptômes d’une probable dépression.

Six fois plus de PTSD qu’après le mouvement pacifique de 2014

Pour parvenir à ces résultats, les chercheurs se sont appuyés sur une cohorte de 18 000 adultes de 18 ans et plus, lancée en 2009. Neuf évaluations ont été menées sur la période à partir notamment du Patient Health Questionnaire 9 et du PTSD check-list – Civilian Version.

Ils ont ainsi pu établir une comparaison avec l’impact d’un précédent mouvement social d’ampleur qu’a connu Hong Kong en 2014, à savoir le mouvement « Occupy Central », aussi connu sous le nom de « mouvement des parapluies ». La prévalence des symptômes de PTSD apparaît six fois plus élevée aujourd’hui qu’à l’issue du mouvement de 2014 qui avait été largement non violent, contrairement au mouvement actuel.

La prévalence de probable dépression avait tout de même augmenté après 2014. D’une moyenne de 1,9 % avant le mouvement « Occupy », elle avait atteint 6,5 % avant le mouvement actuel puis 11,2 % après, ce qui « correspond à 590 000 adultes supplémentaires avec une dépression probable », alertent les auteurs de l’étude.

De même, la prévalence des symptômes de PTSD avait atteint 4,9 % de la cohorte juste après le mouvement de 2014 pour décliner à 2,1 % un an après, avant d’exploser à 31,6 % aujourd’hui. Cette hausse de 2,1 % à 31,6 % correspond à 1,9 million d’adultes supplémentaires souffrant de symptômes de PTSD, alors que la population adulte de Hong Kong s’élève à 6,3 millions de personnes.

Les réseaux sociaux augmentent le risque

Si les positions politiques à propos de la loi sur l’extradition – dont l’annonce a déclenché le mouvement au printemps dernier – apparaissent sans rapport avec une probable dépression, les participants de la cohorte aux positions neutres représentaient « approximativement » la moitié de la prévalence à des symptômes de PTSD. Autre enseignement, le fait de consulter 2 heures ou plus par jour les actualités sociopolitiques sur les réseaux sociaux est « fortement » associé à une probable dépression ou à une suspicion de PTSD.

En conséquence, la prise en charge de ces patients supplémentaires par les professionnels de santé ou issus du secteur médico-social nécessiterait, selon les auteurs, une hausse de 12 % des capacités du secteur public hongkongais.

Pour autant, les auteurs avancent que leurs résultats pourraient être sous-estimés par rapport à la réalité, dans la mesure où les moins de 18 ans ne sont pas pris en compte dans l’étude alors qu’ils prennent une part active dans les manifestations. Les officiers de police n’ont pas non plus été particulièrement étudiés dans ces travaux, mais leur santé mentale pourrait également être affectée par les événements.

« Au moment où les troubles sociaux augmentent dans le monde, y compris dans des grandes villes comme Barcelone, Delhi, Paris ou Santiago en 2019, la question de l’impact des mouvements sociaux sur la santé mentale est d’une grande importance pour la santé publique », insiste le Dr Michael Ni, de la faculté de médecine de l’Université de Hong Kong, qui a codirigé l’étude.


Source : lequotidiendumedecin.fr