Depuis bientôt dix ans – bien avant que les fake news ne défrayent la chronique - , le blog « Rédaction médicale et scientifique » fait la chasse aux tricheurs scientifiques et médicaux. Seul à l’alimenter inlassablement, un médecin lanceur d’alerte, le Dr Hervé Maisonneuve. Lui-même ancien chercheur dans l’industrie, ex-professeur associé de santé publique, il met à contribution ses réseaux internationaux : il a présidé l’Association européenne des rédacteurs scientifiques, siégé au board international des plus prestigieuses revues (Lancet, JAMA).
Dans son viseur, non seulement les revues dites prédatrices, dont il dénonce les manœuvres aussi intrusives que mercantiles, mais aussi les publications les plus institutionnelles, coupables d’infiltrations multiples et protégées par l’omerta du fameux système POP : publish or perish, un système qui vire régulièrement en PAP, accuse-t-il, publish And perish. « Sans parler de fraudes proprement dites, les jurys d’évaluation laissent passer des articles aux méthodes faibles, aux échantillons trop étroits, avec des erreurs statistiques ; des données omises aux études animales trompeuses, de l’embellissement des résumés aux références erronées, on tombe souvent de la méconnaissance méthodologique aux pratiques discutables, des pratiques qui peuvent aller jusqu’à la fabrication et la falsification pour ne pas dire la fraude. »
Continuum entre fake science et fake news
« Car, dénonce le Dr Maisonneuve, nous sommes en présence d’un continuum entre fake science et fake news, avec des limites très floues, la presse grand public établissant souvent le lien. Les journalistes ne sont pas les premiers fautifs, qui se contentent le plus souvent de couper-coller et de titrer de manière accrocheuse sur une étude initiale sans lien avec une méta-analyse. Les exagérations qui s’ensuivent sont déjà sous-jacentes dans les conclusions, sur le mode « si ça marche chez la souris, pourquoi pas chez l’homme ? » Et ces extrapolations sont simplement amplifiées par les médias. »
Blackllisté par certaines institutions, le Dr Maisonneuve, malgré ses dénonciations incessantes des manquements à l’intégrité scientifique n’a jamais été attaqué en justice. Et même, il observe que sa traque est de mieux en mieux relayée. Son combat contribue à une prise de conscience nouvelle. « Des institutions comme l’INSERM ou le CNRS sont en train d’évoluer devant les dérives du système POP et les risques de la Mcdonaldisation scientifique », se félicite le médecin lenteur d’alerte, tout en déplorant la lenteur de cette évolution.
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