DE NOTRE CORRESPONDANTE
LES ACTEURS de la lutte contre le VIH continuent d’innover en matière de recherche et de prévention. Après avoir constaté qu’en France, 36 000 personnes environ ignoraient leur séropositivité dont une partie de la population avec des comportements à risques, l’ANRS et Aides se sont unis pour améliorer l’accès au dépistage. « Nous sommes passés d’une phase de défiance entre militants et chercheurs, a expliqué Bruno Spire, président de l’association Aides, à une deuxième phase où les associations ont été intégrées dans les différentes instances de recherche. Maintenant, nous sommes arrivés à une troisième étape où les acteurs associatifs deviennent eux-mêmes des acteurs de recherche ».
Toucher le monde gay.
L’objectif du projet mené par l’association et l’Agence de recherche est de comparer le dépistage classique et une approche communautaire où les tests rapides sont proposés à des homosexuels par des non-médecins. Il est aussi d’étudier, à partir d’autoquestionnaires anonymes, les comportements et les profils à risque. « Notre objectif est de toucher le monde gay », poursuit Bruno Spire.
Arriver au bout de cette démarche, proposer des tests rapides faits par des militants associatifs non-médecins en parallèle avec les dépistages classiques n’allait pas de soi. Aujourd’hui, le contexte légal français ne reconnaît pas le droit à des acteurs non médicaux de réaliser des tests de dépistage du VIH. Il ne permet pas non plus l’utilisation des tests à résultats rapides. Pourtant de nombreuses études antérieures montrent que l’évolution de la prévention du VIH chez les gays dépend en grande partie d’une offre de dépistage ciblée et adaptée. La diversification de l’offre est aujourd’hui une nécessité. C’est dans ce contexte que l’ANRS et l’association Aides ont décidé de mettre en place cette recherche biomédicale baptisée, étude ANRS Drag test. Lancée à Marseille avec le partenariat du Conseil Général des Bouches du Rhône, elle va ensuite être étendue à 4 autres sites en France (Nice, Toulouse et 2 centres à Paris). « C’est un projet national et ce n’est pas un hasard si cela commence à Marseille, souligne Bruno Spire. L’entente entre les associations, les centres de dépistage et les politiques de tous bords est très bonne. Les gens se connaissent et les partenariats se sont faits rapidement. Pourtant on a eu du mal à faire accepter le protocole. Le comité d’éthique marseillais ne voulait pas concevoir que des non-médecins puissent faire un acte de dépistage. J’ai parlé à dessein d’obscurantisme parce qu’il ne voulait pas aller plus loin. On a fait appel, on a gagné et ce projet a pu se faire. »
20 % n’ont jamais fait de test .
L’étude s’adresse aux homosexuels. Un test de dépistage rapide leur sera proposé par des militants associatifs dans l’enceinte du CDAG. « Nous sommes très heureux de pouvoir travailler sur cette recherche, car nous pourrons ainsi élargir l’offre de dépistage. Nous pourrons ainsi toucher certains de ceux qui répugnent à venir se faire dépister ou d’autres qui ont besoin de dépistages répétés du fait d’une prise de risque liée à leur mode de vie. On sait que 20 % des hommes gays déclarent n’avoir jamais fait de test quand ils viennent ici. Ils auront la possibilité de faire ces tests rapides et de les répéter si nécessaire. Et cela n’enlève rien au dépistage classique. Nous sommes en complémentarité pas en concurrence », a indiqué le Dr Chantal Vernay Vaysse, Chef du service Prévention IST - Cancers Vaccinations du Conseil Général des Bouches-du-Rhône.
Si cette étude portée par l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales, s’adresse exclusivement à des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, les résultats, qui devraient être disponibles fin 2011, pourraient contribuer à l’argumentation en faveur de l’évolution du cadre législatif français et s’adresser ensuite à l’ensemble des populations les plus concernées par le VIH.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation