Après les polémiques et l’effondrement des prescriptions

Le GEMVI prône un retour au THM

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Publié le 14/12/2017
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Crédit photo : PHANIE

« Sur une population générale, 30 % des femmes ménopausées ont besoin d’un traitement hormonal. Mais seulement 8 % de ces femmes sont aujourd’hui traitées », constate le Dr Florence Trémollières, secrétaire générale du GEMVI.

« En 2002, avec le tsunami de l’étude WHI on a quasiment arrêté de prescrire des traitements hormonaux. Avant cette étude, on était à 20 % de femmes traitées », fait remarquer le Dr Brigitte Letombe, trésorière du GEMVI. Cette année-là, le comité de suivi de la WHI interrompt prématurément son programme du fait d’une augmentation du risque d’infarctus du myocarde, d’embolie pulmonaire et de cancer dans les groupes sous THM. « Quand ont été diffusés les résultats de la WHI, on disait que les effets nocifs concernaient toutes les femmes, quel que soit leur âge et leur état clinique », rappelle le Dr Letombe. Pourtant, « seulement un tiers des femmes de la WHI avaient débuté leur traitement entre 50 et 59 ans, l’âge cible pour le THM, et la majorité des participantes était ménopausée depuis plus de dix ans », ajoute-t-elle. « Ces résultats ont eu un impact dramatique pour les femmes qui avaient besoin d’un traitement hormonal, soit en raison de troubles vasomoteurs altérant leur qualité de vie, soit parce qu’elles étaient à risque de développer des complications liées à la carence oestrogénique, en particulier une ostéoporose », ont souligné les experts du GEMVI en marge de leur dernier congrès annuel qui vient de se tenir à Paris.

Fenêtre thérapeutique

Publiée en septembre 2017 dans le « JAMA », une étude de suivi cumulé de 18 ans des deux études du programme WHI portant sur 23 347 femmes conclut au fait que le THM n’augmente ni la mortalité globale, ni celle cardiovasculaire ou par cancer. À l’instar de l’étude ELITE publiée en 2016 dans le « NEJM », cette étude confirme aussi que la fenêtre d’opportunité pendant laquelle initier ce type de traitement se situe entre 50 et 59 ans. « Dans cette population, la mortalité globale est diminuée de 31 % sous THM par rapport au placebo », indique le Pr Patrice Lopes, président du GEMVI. « Quand on parle d’un traitement hormonal, ce qui fait peur aux femmes et aux médecins, c’est d’abord le cancer. Mais on oublie que la plupart des femmes meurent de problèmes cardiovasculaires. Or, le THM a probablement un effet préventif sur le plan artériel s’il est administré dans les dix années suivant l’installation de la ménopause », pointe le Dr Letombe.

Consultation spécifique

« Sans nier les risques de certains traitements hormonaux chez certaines femmes, il est temps de reconsidérer les bénéfices du THM en tenant compte de l’âge des patientes, des molécules et des types d’administration », estime le Pr Lopes. « Si les progestatifs de synthèse augmentent le risque de thrombose veineuse, de phlébite et d’embolie pulmonaire, la progestérone naturelle et la rétroprogestérone, les deux molécules qui sont utilisées dans notre pays, n’ont pas cet effet délétère, comme l’a montré en 2007 l’étude ESTHER », note le Dr Letombe. Et « contrairement aux estrogènes utilisés par voie orale, l’estradiol en patch ou en gel n’augmente pas le risque thrombotique », relève-t-elle. « En début de ménopause, toute femme de 50-55 ans devrait bénéficier d’une consultation spécifique où l’on apprécie ses facteurs de risque personnels, familiaux, carcinologiques, osseux, cardiovasculaires pour permettre l’accès à une prise en charge adaptée qui puisse améliorer sa qualité de vie », suggère le Dr Letombe.

David Bilhaut

Source : Le Quotidien du médecin: 9627