Et si les molécules expirées pouvaient jouer un rôle dans la prise en charge de l'infection Covid-19 ? C'est le pari de l'hôpital Foch (Suresnes) qui lance une étude visant à identifier un profil moléculaire olfactif prédictif d'une aggravation des symptômes chez des patients hospitalisés pour une pneumonie liée à l'infection Covid-19.
L'analyse des composés organiques volatils (COV) présents dans l'air que nous expirons est au cœur du programme de recherche VolatolHom mis en place à l’hôpital Foch en 2018. La plateforme utilisée, appelée Exhalomics, a été développée en partenariat avec l'université Paris-Saclay et le CEA et est constituée de nez électroniques et d'un spectromètre de masse.
Une approche non invasive
« Le fait qu'une maladie puisse être associée à des molécules olfactives est connu depuis plusieurs années », indique au « Quotidien » le Pr Louis-Jean Couderc du service de pneumologie de l'hôpital Foch. Cette empreinte olfactive peut varier en fonction de différents paramètres, comme le stade de la maladie ou le traitement en cours. Divers travaux de recherche à visée pronostique et thérapeutique sont en cours dans le cadre du programme VolatolHom afin d'identifier des biomarqueurs olfactifs prédictifs de la réponse à certains traitements.
Dans le cadre de l'infection Covid-19, l'équipe du Pr Couderc va chercher à déterminer, chez 50 patients hospitalisés pour une pneumonie liée à l'infection Covid-19 et ayant des besoins en oxygène, s'il existe des caractéristiques moléculaires olfactives pouvant laisser préjuger d'un passage vers des formes graves. « L'avantage de cette approche est qu'elle est totalement non invasive », souligne le pneumologue.
Tous les patients ont eu un diagnostic de Covid-19 confirmé par RT-PCR et vont être suivis pendant 3 mois. Une vingtaine de patients ont été inclus depuis la mi-avril. Le reste des inclusions va toutefois dépendre de l'évolution de l'épidémie, alors que le nombre de patients hospitalisés diminue.
Identifier les molécules associées à la maladie
« Nous devons avoir suffisamment de patients pour pouvoir mettre en évidence le lot de molécules communes attribuées à la maladie et écarter celles qui sont spécifiques à un individu », explique le Pr Couderc.
Dans le cadre de cette étude, les analyses vont être réalisées avec les nez électroniques. « Pour des raisons de contagiosité, nous n'allons pas utiliser le spectromètre de masse, car les malades doivent souffler à côté de l'appareil », précise le pneumologue.
Les premiers résultats ne sont pas attendus avant l'automne. « À moins qu'un profil très évident se distingue, relève le Pr Couderc. Il n'est toutefois pas garanti que l'on obtienne un profil moléculaire suffisamment spécifique si les facteurs confondants sont trop importants ».
Dans un deuxième temps, l'équipe du Pr Couderc envisage de réaliser une étude à visée thérapeutique, afin d'étudier la réponse des patients à certains traitements, comme les immunosuppresseurs.
« En parallèle de ces travaux, le service de réanimation de Foch réalise une étude du même type avec une population de patients différente, indique le Pr Couderc. Nous comparerons ensuite nos résultats. »
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation