Une étude menée pendant quatorze ans, par des chercheurs de l’école de santé publique de l’université de Pittsburgh, et publiée dans « Neurology », le journal de l’académie américaine de neurologie, montre que le lien entre le déclin cognitif et le ralentissement de la marche se trouve dans l’hippocampe. D’où l’intérêt de mesurer la vitesse de marche chez les seniors, car elle pourrait constituer un marqueur précoce et facile du déclin cognitif.
Les chercheurs ont recruté 175 personnes âgées de 70 à 79 ans (âge moyen 73 ans), dont 57 % de femmes, en 1997. Ils ont testé au début et à la fin de l’étude la santé mentale et réalisé des IRM du cerveau des participants, en mesurant le volume de 10 régions du cerveau (dont l’hippocampe mais aussi le lobe pariétal postérieur, le lobe frontal moyen, le noyau caudé, le putamen, le pallidum…). Pendant quatorze ans, la vitesse de marche des participants a régulièrement été enregistrée. À la fin de l’étude, 57,5 % des participants avaient un trouble cognitif, dont 35,8 % un trouble cognitif léger (mild cognitive impairment) et 18,1 % une démence.
Rétrécissement de l’hippocampe
Les auteurs rappellent que de précédentes études avaient déjà montré que le déclin cognitif et le ralentissement de la marche étaient concomitants. Mais ils prouvent ici que ces deux symptômes sont associés à un rétrécissement de l’hippocampe droit, une zone importante à la fois pour la mémoire et l’orientation dans l’espace. En effet, parmi les 10 zones prises en compte, l’hippocampe droit était la seule associée à la fois au ralentissement de la marche et au déclin cognitif.
Les auteurs ont aussi constaté que si la marche de tous les participants était ralentie avec le temps, ceux pour lesquels elle était le plus ralentie voyaient augmenter leur probabilité de souffrir aussi d’un déclin cognitif. Les résultats suggèrent que la vitesse de marche est un bon indicateur du risque de démence et montrent également que le ralentissement de la marche et le déclin cognitif sont dus à une neuropathologie sous-jacente partagée (liée à l’hippocampe) et ne constituent pas deux déclins parallèles et indépendants.
L'étude présente certaines limites, comme l'indiquent les auteurs : d’abord le fait que les participants sont en meilleure santé que la population générale (puisqu’ils devaient être en assez bonne forme physique quand ils avaient été inclus dans l’étude), puis le manque de distinction entre les différents types de troubles cognitifs ; et enfin le fait que les aspects de rythme et de variabilité de la marche n’ont pas été pris en compte.
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