Les personnes affectées de maladie coronarienne sont particulièrement vulnérables aux pics de pollution de l’air par les particules fines (PM 2,5) et présentent un risque accru de crise cardiaque durant ces pics. Une étude présentée au congrès de l’American Heart Association (AHA) en Californie révèle que ce sur-risque est supérieur pour les individus de groupe A, B ou AB que pour ceux de groupe O.
Des études antérieures
« Cette étude s’inscrit dans le prolongement d’études que nous avons publiées en 2006 et en 2015, dans lesquelles nous avons montré que la pollution de l’air par les particules fines (PM 2,5) est associée à des syndromes coronariens aigus (SCA), y compris la crise cardiaque et l’angor instable », explique au « Quotidien » le Dr Benjamin Horne, épidémiologiste clinique à l’institut cardiaque du centre Medical Intermountain de Salt Lake City (États-Unis).
Les chercheurs se sont de nouveau intéressés à l'association des PM 2,5 avec les SCA « mais en ajoutant un facteur de risque génétique supplémentaire » en tenant compte d'une précédente étude génétique internationale qui « avait validé le gène ABO du groupe sanguin comme étant le seul gène associé à l’infarctus du myocarde chez les patients coronariens (« Lancet » 2011), poursuit le Dr Horne. Puisque le gène ABO et la pollution particulaire fine sont tous deux associés à l’infarctus ou aux SCA, nous avons émis l'hypothèse qu'une interaction entre ces deux facteurs pourrait moduler le risque de SCA dans les différents groupes sanguins au cours des pics de pollution. »
L'équipe a examiné les trois variants communs étroitement liés aux groupes sanguins ABO. « Sachant que le variant pour le groupe sanguin O (par rapport aux groupes non-O) est celui qui est le plus fortement associé à la crise cardiaque (« Lancet » 2011), nous anticipions que ce serait le facteur génétique qui aurait le plus d’impact sur le risque de SCA durant les pics de MP 2,5 », ajoute l'épidémiologiste.
Un risque accru de 25 % de SCA pour les groupes A, B et AB
Les chercheurs ont évalué 1 285 patients admis à l’hôpital (Intermountain Healthcare dans l'Utah) pour un infarctus aigu ou une douleur thoracique aiguë instable et préalablement diagnostiqués avec une coronaropathie. L'analyse de cas croisés, avec ajustement de l'association (entre PM 2,5 et SCA) pour plusieurs facteurs (température quotidienne, point de rosée, et pression barométrique), montre que chaque hausse supplémentaire de 10 µg/m3 de PM 2,5 est associée à un sur-risque de 16 % de SCA dans la journée ou au lendemain du pic de pollution atmosphérique.
En tenant compte du variant lié au groupe sanguin, les chercheurs montrent que les patients portant l'allèle rs687289 A – groupe A, B ou AB – ont en fait un risque accru de 25 % de SCA pour chaque hausse supplémentaire de 10 ug/m3 de pollution atmosphérique fine, tandis que les patients portant le génotype rs687289 GG – groupe sanguin O – présentent un risque de SCA accru seulement de 10 % pour chaque palier supplémentaire de pollution fine.
Risque moins élevé pour le groupe O
« Si tous les patients coronariens ont un risque accru de SCA pendant les pics de pollution, ceux de groupe A, B ou AB ont un risque supérieur comparé aux patients de groupe O », commente le Dr Horne. Lors d’un pic de pollution à 65 mg/m3, un patient coronarien de groupe O présente un risque de SCA 40 % plus élevé que si l’air n’était pas pollué ; pour les patients de groupe non O, le risque est doublé (accru de 100 %).
Toutefois, indique le spécialiste, « il n’y a pas lieu de paniquer si l’on est de groupe sanguin A, B ou AB, et inversement il n’est pas sage d’être indifférent aux PM 2,5 si l’on est de groupe sanguin O. Ce que ces résultats suggèrent, c’est que chacun doit connaître son niveau de risque individuel en fonction du groupe sanguin et de la présence d'une maladie coronarienne et d’autres maladies chroniques, de sorte que lorsqu'il y a un pic de pollution atmosphérique, chacun peut prendre des mesures pour abaisser son risque d’angor instable et d'infarctus ».
En cas de pic des PM 2,5, le Dr Horne suggère certaines mesures : « Demeurer le plus possible à l'intérieur, éviter l'exercice à l’extérieur, planifier les activités de plein air au moment de la journée où la pollution est la plus faible (habituellement tôt le matin), éviter les zones de trafic routier et s’assurer de bien prendre les médicaments cardiovasculaires prescrits. »
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