Un score calcique mesurable entre 32 à 46 ans est associé à une multiplication par 5 du risque de pathologie coronaire, et à une multiplication par 3 du risque de maladie cardiovasculaire, au cours des 12 années qui suivent cette période, selon les travaux de du Dr John Jeffrey Carr et de son équipe du centre universitaire médical Vanderbilt, à Nashville (Tennessee), publiés dans le « JAMA Cardiology ».
Le score calcique est mesuré à l'aide d'un scanner thoracique, et permet déjà de quantifier l'athérome coronaire des patients plus âgés. Une question demeurait en suspend : existe-t-il un risque cardiovasculaire à long terme chez les adultes plus jeunes ayant un score calcique faible ? Pour le savoir, les auteurs ont utilisé les données de l'étude CARDIA (Coronary Artery Risk Development in Young Adult), au cours de laquelle, le score calcique de plus de 3 000 participants a été mesuré 15, 20 et 25 ans après l'entrée dans l'étude. Lors de la première mesure, 15 ans après l'entrée dans l'étude, 10,2 % des participants avaient un score calcique mesurable, avec un score d'Agatson moyen de 21,6. Ce pourcentage augmente au fil de suivi, pour atteindre 20,1 % à 20 ans, et 28,1 % à 25 ans.
Au cours des 12 ans et demi écoulés après la première mesure du score calcique (soit près de 30 ans de présence dans la cohorte), 57 accidents coronaires (infarctus du myocarde, syndrome coronaire aigu, revascularisation myocardique, décès cardiovasculaire) sont survenus, de même que 108 incidents cardiovasculaires (AVC, insuffisance cardiaque et maladies artérielles périphériques).
Des pistes pour un dépistage organisé ?
Après ajustement pour les facteurs de risque cardiovasculaires (diabète, hypertension, tabagisme, indice de masse corporelle, taux de HDL cholestérol…), et comparés aux participants de la cohorte dont le score calcique est nul, les patients ayant un score calcique détectable ont un risque de maladie coronarienne multiplié par 5 et un risque de maladie cardiovasculaire multiplié par 3.
Les patients dont les scores calciques sont les plus élevés (supérieurs à 100, correspondant à la présence d'un athérome coronaire débutant) avaient un risque de maladie coronarienne multiplié par 9,8, et une incidence de mortalité de 22,4 % au cours du suivi. Sur les 13 décès enregistrés dans ce groupe au cours de l'étude, 10 ont pour origine un événement cardiovasculaire.
Partant de ce constat, les auteurs estiment qu'il est envisageable de mettre en place un dépistage sélectif du score calcique, ciblé sur les patients présentant des facteurs de risque individuels. Une telle approche permettrait « de diviser par 2 le nombre de patients à dépister », et il suffirait de proposer un scanner thoracique à 2 à 4 personnes pour en identifier une avec un score calcique mesurable.
Revoir les recommandations
« Même un score calcique compris entre 1 et 19, lors du premier scanner thoracique réalisé au bout de 15 ans, multiplie le risque de maladie cardiovasculaire par 2,6 », préviennent les auteurs, qui expliquent cette dernière donnée par la très forte augmentation moyenne du score calcique observé entre 32 et 56 ans.
Les seuils de score calcique de 100, 300 et 400 retenus dans les recommandations pour stratifier le risque cardiovasculaire d'un patient « devraient être reconsidérés à la lumière de nos résultats », poursuivent les auteurs, qui préconisent l'adoption de seuils d'alerte plus faibles chez les patients jeunes ou d'âge moyen.
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