Le 6 mai dernier, le Sénat italien a adopté quatre motions sur le « bien-être des animaux engageant le gouvernement d’unité nationale » dont l’une, concerne la nomination d’une autorité pour les droits des animaux. Cette motion leur attribue aussi la notion « d’êtres sensibles ». En clair, cela veut dire que ces nouvelles dispositions limitent les tests sur les animaux. Une victoire pour les associations animalières qui se battent depuis des années en Italie et multiplient les pressions sur la classe politique pour obtenir des lois interdisant l’expérimentation animale. Et aussi, pour la petite armée de scientifiques qui réclament un effort sur les tests sur les cellules in vitro et l’abandon progressif de la recherche sur les animaux. C’est le cas entre autres, d’Umberto Veronesi, ancien ministre de la Santé du gouvernement Prodi, cancérologue et végétarien.
La recherche affaiblie
Pour la communauté scientifique transalpine, cette décision pénalise la recherche. Au congrès organisé par la plate-forme Research4Life, les chercheurs ont dénoncé la transcription « restrictive » de la directive européenne faite par l’Italie qui « interdit l’élevage d’animaux cobayes et, à partir de 2016, les tests animaliers pour la recherche en addictologie et pour les xénogreffes ». Pour Silvio Garattini, directeur du centre hospitalier milanais Mario Negri, « cette loi affaiblie l’Italie dans le domaine de la recherche ». Ce scientifique estime aussi que sur le plan pratique, plusieurs projets ont été bloqués et que plus rien ne pourra être fait à partir de 2016 lorsque la nouvelle loi entrera en vigueur. Du coup, les chercheurs italiens ont lancé une pétition pour demander à la Commission européenne d’évaluer la position italienne et d’engager éventuellement, une procédure d’infraction.
« Mon objectif final est "pas un animal en plus" par rapport aux besoins de la science. Mais la recherche ne peut pas être totalement bloquée à cause des pressions des lobbies animaliers sur le sénat », explique Elena Cattaneo, directrice du Centre de recherche de l’université de Milan sur les cellules souches. Les auteurs de la pétition précisent que la recherche sur des méthodes alternatives est en cours mais que les tests sur les animaux sont encore nécessaires. « Si on ne fait plus d’études sur les animaux, il faut attendre que des personnes prennent des substances addictives pour comprendre les effets sur l’organisme », a déclaré Carlo Manfredi de l’Ordre national des médecins en jetant un pavé encombrant dans la mare des polémiques.
La directive européenne de 2010
Pour l’heure, la ministre de la Santé Beatrice Lorenzin, saisie par les chercheurs, tente d’éteindre l’incendie en renvoyant la balle dans le camp de l’opinion publique. « Les Italiens peu informés ou mal informés risquent d’avoir des convictions infondées d’un point de vue scientifique. Or, la santé est un argument très sensible », a déclaré la ministre.
Le 3 juin dernier, la Commission européenne, en réponse à l’initiative citoyenne « Stop vivisection » dénoncée par ailleurs par les académies en France, avait réaffirmé la directive de 2010 selon laquelle « l’objectif final est l’élimination progressive de l’expérimentation animale » mais « l’utilisation d’animaux reste nécessaire pour parvenir à la réalisation de cet objectif ».
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