Une étude française, menée sur 104 707 participants à la cohorte NutriNet-Santé, suggère un lien entre la consommation d’aliments ultra-transformés et le risque de développer un diabète de type 2. Publiés le 16 décembre dans le « JAMA Internal Medicine », ces résultats ont été obtenus par une équipe de chercheurs de l’INSERM, de l’INRA et de l’université Paris-13.
Ces travaux s’inscrivent dans la suite d’autres études qui « ont mis en évidence des liens entre la consommation d’aliments ultra-transformés et des risques accrus de cancers, de maladies cardio-vasculaires, d’hypertension ou de symptômes dépressifs », rappelle au « Quotidien » le Dr Mathilde Touvier, chercheuse à l’INSERM et auteure de l’article, aux côtés notamment du doctorant Bernard Srour.
Un risque augmenté de 15 %
Dans cette étude, 821 cas de diabète de type 2 ont été détectés parmi les participants, âgés en moyenne de 42,7 ans, dont 20,8 % d’hommes (21 800 participants) et 79,2 % de femmes (82 907 participants). Alors que le taux d'incidence du diabète de type 2 dans l'ensemble de la population est de 132 pour 100 000 personnes, les chercheurs ont pu observer des taux de 113 pour 100 000 pour le quart des participants consommant le moins d’aliments transformés et de 166 pour 100 000 pour le quart en consommant le plus.
« Une augmentation de 10 points de la proportion d’aliments ultra-transformés dans le régime alimentaire des participants était associée à une augmentation de 15 % du risque de développer un diabète de type 2 », indique Mathilde Touvier. Ce résultat « significatif », selon la chercheuse, a été obtenu en prenant en compte les facteurs de risque déjà connus (âge, sexe, antécédents, niveau d’activité physique).
Pour parvenir à ce résultat, l’équipe de chercheurs s’est appuyée sur l’enregistrement, répété dans le temps, des consommations des participants pendant 24 heures. Les consommations étaient évaluées à partir des 3 500 aliments recensés de la classification NOVA. Cette dernière répartit les aliments en quatre groupes selon leur degré de transformation industrielle, de peu ou pas transformés à ultra-transformés. Un aliment ultra-transformé est défini comme tel s’il a subi des procédés industriels de transformation et s’il contient des ingrédients comme des additifs ou des composés néoformés.
Vers une étude sur les cocktails d’additifs
Selon les auteurs, les aliments ultra-transformés représentent, dans le régime alimentaire occidental, entre 25 % et 60 % de l’apport énergétique journalier. Les chercheurs ont constaté une consommation d’aliments ultra-transformés plus importante chez les jeunes, les obèses, ceux qui ont une moindre activité physique et les fumeurs. Par ailleurs, une consommation importante de ces aliments était associée à une alimentation de moindre qualité nutritionnelle.
Si cette étude observationnelle ne permet pas d’aboutir à un lien de causalité, les chercheurs avancent l’idée d’une relation avec la moindre qualité nutritionnelle de ces aliments et leur composition le plus souvent trop sucrée ou trop salée. Ils comptent par ailleurs explorer les mécanismes à l’œuvre avec certains composés des aliments ultra-transformés (les additifs) ou des substances formées lors des procédés industriels (comme l’acrylamide), ou encore des matériaux au contact des aliments (bisphénol A).
Cette nouvelle recherche, qui vient de recevoir un financement de 2 millions d’euros de l'European Research Council (ERC), doit durer 5 ans. « Les données de consommation des participants seront mises en relation avec les compositions de ces aliments, mises à disposition par Open Food Fact, explique Mathilde Touvier, qui a proposé ce projet de recherche baptisé « Exposition à des cocktails d'additifs alimentaires et risque de maladies chroniques ». Les résultats seront dévoilés au fur et à mesure. »
Ce travail au long cours s’appuiera de nouveau sur la cohorte NutriNet-Santé, mise en place en 2009. « Cette cohorte est primordiale pour faire avancer les connaissances. Notre défi est de fidéliser les volontaires qui y participent », insiste Mathilde Touvier, rappelant que le recrutement de participants est toujours d’actualité.
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