Pour sa 9e conférence annuelle, l'AFRAVIH lance un appel international contre les hépatites

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Publié le 04/04/2018
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Crédit photo : PHANIE

La 9e conférence de l'AFRAVIH (Alliance francophone des acteurs de santé contre le VIH et les infections virales chroniques) s'est ouverte ce mercredi à Bordeaux, et se poursuivra jusqu'à vendredi.

Présidée par le directeur de l'ANRS, le Pr François Dabis, et coprésidée par les Pr Coumba Toure Kane (centre national de référence sur le VIH et des infections sexuellement transmissible au Sénégal) et le Pr Philippe Morlat (hépatologue au CHU de Bordeaux), la conférence accorde cette année une place toute particulière à la lutte contre les virus des hépatites B et C. L'AFRAVIH lance à cette occasion un appel à la communauté internationale et aux politiques pour que les infections par le VHB et le VHC soient prévenues, gérées et éradiquées en particulier en Afrique subsaharienne.

Cet appel sera lancé vendredi 6 avril, sous l'autorité de la ministre de la Santé de la Côte d'Ivoire, Raymonde Michèle Goudou Epse Coffié, et le Pr Nicolas Méda, ministre de la santé du Burkina Gasso. Seulement « 4 nourrissons sur 10 reçoivent la vaccination contre le virus de l'hépatite B dès la naissance et seulement 1 sur 10 en Afrique », rappelle l'AFRAVIH, qui estime que « les stratégies de dépistage et de prise en charge sont insuffisantes voire inexistantes ».

Les nouveaux traitements coûts efficaces dans le Sud

Mené au Cameroun, en Côte d'Ivoire et au Sénégal, l'essai TAC Eco démontre pourtant un rapport coût-efficacité favorable pour les nouveaux traitements de l'hépatite C en Afrique subsaharienne. En traitant 10 000 patients, les chercheurs ont évité 2 000 décès et ont vu les nombres de cirrhoses décompensées et de cancer du foie divisés par 10. Ces résultats montrent que le traitement à base de sofosbuvir est actuellement coût efficace (défini par un coût inférieur à 3 fois le produit intérieur brut - PIB - par habitant et par an, par année de vie supplémentaire gagnée) dans les trois pays d’étude.

En outre, il suffirait d’une baisse des prix des antiviraux de 13 % au Sénégal, de 11 % en Côte d'Ivoire et de 30 % au Cameroun pour que chaque année d'espérance de vie gagnée soit inférieure à une fois le PIB par habitant et par an. « Nous ne nous attendions pas à ce que le traitement soit aussi coût efficace dans le contexte de pays à ressources limitées », s'étonne la principale investigatrice Sylvie Boyer, du laboratoire des sciences économiques et sociales de santé et traitement de l'information médicale.

Mutations émergentes et populations cachées

En ce qui concerne le VIH, des études ont montré une forte fréquence des échecs virologiques chez les enfants vivant avec le VIH, qui s'explique par l'émergence de mutations de résistance. Les données de la cohorte PEDIACAM seront présentes jeudi, et montreront que, sur les 210 enfants de la cohorte, près de 40 % sont en échec virologique, dont les 2 tiers sont causés par des mutations.

Le dépistage et le traitement des populations cachées, LGBT et hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes (HSH) seront également traités. Selon les résultats de l’étude ANRS CohMSM présentés vendredi, la mise sous traitement précoce des patients HSH est bien acceptée par la population homosexuelle, malgré le fait que leur sexualité soit un sujet tabou pouvant mener à leur exclusion sociale.

En décembre 2017, 787 HSH vivant au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire, au Mali et au Togo ont été inclus dans la cohorte cohMSM. Parmi ces hommes, 159 ont découvert leur séropositivité au VIH, et 74 se sont séroconvertis au cours de leur suivi. Un traitement antirétroviral précoce a été systématiquement proposé, et accepté dans 90 % des cas, avec un délai médian de seulement 7 jours après le dépistage. Les dernières données de l'essai ANRS TasP, présentée vendredi, montreront quant à elles que l'entrée précoce dans le traitement est également associée à une meilleure acceptation de la maladie par l'entourage du patient.

Le programme complet de la conférence est à retrouver sur le site AFRAVIH2018.


Source : lequotidiendumedecin.fr