Le crâne momifié retrouvé chez un vieux collectionneur en 2010 est-il celui du roi Henri IV ? Les experts s'affrontent depuis la diffusion en 2011 d'un documentaire narrant l’enquête scientifique, dirigée par le Dr Philippe Charlier (médecin légiste et anthropologue), ayant abouti à l’identification « avec une probabilité supérieure à 99,9% » du crâne d’Henri IV.
Cette thèse est remise en cause par le Dr Xavier Riaud, docteur en chirurgie dentaire, en épistémologie, et membre de l’Académie de chirurgie dentaire. Dans un long article, que « le Quotidien » publie ci-dessous en intégralité, le spécialiste démonte un à un les arguments du Dr Charlier. Sa théorie concorde avec les analyses génétiques publiées au moins d'octobre dans la revue « European Journal of Human Genetics », qui remettent en cause l'authenticité de la tête momifiée d'Henri IV.
Féru d'histoire, le Dr Riaud a beaucoup travaillé sur les dents des rois de France, une passion qui s'est concrétisée dans un livre en 2011 (Chroniques odontologiques des rois de France et de la dynastie napoléonienne, Editions L'Harmattan, 2011). « Quand j'ai vu l'émission du Dr Charlier, en tant qu'historien de la médecine confirmé, j'ai sauté au plafond tellement c'était truffé d'incohérences et d'invraisemblances », explique le chirurgien dentaire.
Identification dentaire et maxillaire
Pour justifier sa thèse, il avance notamment des arguments historiques. Le crâne, depuis le décès de son propriétaire en 1610, a parcouru un long chemin, passant entre beaucoup de mains, suite à des pillages, des ventes aux enchères, des vols et des trafics divers, dont le suivi relève de l’enquête policière.
Le Dr Riaud développe abondamment les arguments scientifiques relevant du domaine de l’identification dentaire et maxillaire. On y apprend à cette occasion que les prothèses dentaires existaient déjà du temps d’Henri IV, sous la forme de dents tenues par un fil d’or. La datation au carbone 14 n’offre pas de précision suffisante pour trancher, avec un écart-type de 200 ans.
Les analyses d'ADN évoquées par le Dr Charlier seraient par ailleurs sujettes à caution. Il y a bien eu une similitude trouvée entre du matériel prélevé sur la tête momifiée et un chromosome Y provenant du sang séché de Louis XVI, mais, souligne le Dr Riaud, le chromosome Y n’est pas spécifique et peut être commun à plusieurs individus non apparentés, ce qui interdit une identification en s’appuyant sur lui. Le débat, loin d’être clos, suscite encore une vive passion et ne demande qu’à rebondir.
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