LA COPARENTALITÉ, homosexuelle ou hétérosexuelle, est familière au cabinet du médecin. Les Drs Charles Melman et Robert Neuburger, spécialistes de la famille, y voient respectivement un mouvement sociétal à risque, encore non évalué, et un élan naturel sans préjudice spécifique pour l’enfant.
« L’autorité parentale partagee, c’est déjà ce qui se pratique dans les couples homosexuels, dit au « Quotidien » le Dr Charles Melman, psychiatre/psychanalyste*. En conséquence, là comme d’habitude, sous prétexte de suivre les murs et sans référence à l’éthique, le législateur va être à leur traîne. Il répondra aussi à un souci de l’État qui n’entend pas avoir à sa charge un enfant dont le parent (légal) viendrait à manquer. » Pour son confrère Robert Neuberger, psychiatre parisien, thérapeute des familles et des couples**, « le Parlement est investi d’une tâche majeure. Il s’agit de réintroduire une notion ancienne : la famille humaine se veut non pas biologique, mais culturelle. L’Église, elle-même, la qualifie de spirituelle avec le parrainage, interdisant notamment le mariage entre marraine ou parrain et parrainé jugé incestueux. Les fameux liens du sang relèvent de la métaphore. Sans compter l’adoption, et tous les moyens bizarroïdes de la procréation médicalement assistée, où même les mères se font incertaines avec le don d’ovules. ».
Les pères sont des mères comme les autres et vice versa
« L’être humain apparaît fondamentalement culturel, insiste le spécialiste . L’évolution sociologique en témoigne. Les veuves de la guerre de 14-18, constituées en familles monosexuées, n’ont pas fait que des homosexuels. Le rôle du parent ne se confond plus avec celui qui l’exerce. Personnellement, je le constate quotidiennement dans ma consultation de thérapie familiale, depuis ces vingt dernières années. Les pères hétérosexuels sont des mères comme les autres, et l’on voit des mères fonctionnant comme des pères. Une telle inversion des fonctions parentales, considérée comme pathologique par les psys à la fin des années 1980, est banale désormais. La deuxième nouveauté sociologique qu’entérineront les parlementaires tient à la séparation très claire entre la dimension couple et la dimension famille (parentale). Le fait qu’il y ait des enfants n’est plus un ciment de la vie de couple. Il s’ensuit une place importante du coparent, le tiers dont parle le projet de loi, qui peut être une personne du même sexe que la mère ou le père. Aussi, ça me semble aller dans une certaine logique que de prendre en compte des changements sociologiques naturels que nous, médecins, repérons avant les sociologues. .
Des conséquences familiales « folles » ?
« Quant aux enfants de la coparentalité, hétéro ou homosexuelle, ils ne se portent pas plus mal que les autres. On enregistre ni plus ni moins de pathologies que dans les familles qui, hier, ne se séparaient pas. » Sur ce point, Charles Melman a des doutes. « Les travaux en la matière, en provenance de l’Europe du Nord et des pays anglo-saxons, sont systématiquement orientés, teintés de prosélytisme, tant les enfants se révèlent fidèles, obéissants et affichant une excellente santé. En France, on se garde d’apporter un éclairage, afin de ne pas risquer d’être politiquement incorrect. Il faudra encore attendre pour oser appréhender des conséquences familiales folles (le Dr Melman parle de l’homoparentalité) , au sens clinique du terme, chez des jeunes sans repères valables. »
* « L’Homme sans gravité » (Denoël, 2002), « L’Enfant adoptif et ses familles » (Denoël, 2001).
** « Le Mythe familial » (ESF, 2002).
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