DE NOTRE CORRESPONDANTE
SUR LA COLLINE de la ville médiévale de Dmanissi, à environ 100 km de la capitale de la Géorgie, Tbilissi, des excavations archéologiques ont mis à jour, depuis 1983, « la collection la plus riche et la plus complète de restes appartenant, de façon indiscutable, aux premiers hominidés, dans un site ou un contexte stratigraphique comparable », indique au cours d’une conférence de presse, David Lordkipanidzé, directeur du muséum national de Géorgie. Ces fossiles constituent « les plus anciens représentants de notre genre en dehors de l’Afrique », ajoute-t-il (Voir le diaporama de « Science »).
La collection de Dmanissi comprend cinq crânes d’hominidés, dont quatre avec des mâchoires, dans un état de préservation exceptionnelle qui a permis d’étudier des aspects jusqu’à présent inaccessibles des fossiles hominiens. Le cinquième crâne découvert en 2005 appartient à un individu dont la mâchoire avait été extraite des fouilles dès l’an 2000.
« Le "crâne numéro 5" est une trouvaille extraordinaire, commente Marcia Ponce de León, de l’université de Zurich. Il a une apparence surprenante ». Il associe une petite boîte crânienne d’un volume de 546 cm3, soit approximativement un tiers de celle d’un homme moderne, à une face longue et saillante et des mâchoires massives, de grandes dents et des arcades sourcilières épaisses qui surplombent les orbites. Cette combinaison de traits était auparavant inconnue chez les premiers humains.
Les cinq individus de Dmanissi sont clairement différents les uns des autres. Pour déterminer si leur variation est compatible avec l’appartenance à une seule espèce, les chercheurs de l’université de Zurich ont mesuré les variations qui existent au sein de populations d’espèces proches contemporaines : les hommes modernes, les chimpanzés et les bonobos, explique Christoph Zollikofer. Ils ont constaté que la nature et le domaine des variations ne sont pas plus importants entre les hominidés de Dmanissi qu’au sein des populations des espèces modernes. Les chercheurs en concluent que les crânes de Dmanissi représentent bien différents individus de la même espèce et non des espèces différentes cohabitant au même endroit.
Parce que les ressemblances morphologiques des spécimens de Dmanissi avec Homo erectus sont évidentes, ils ont été rattachés à ce groupe.
Les chercheurs ont également analysé les crânes fossiles de Dmanissi selon les méthodes classiques utilisées pour distinguer d’éventuelles espèces paléolithiques différentes. « Selon ces méthodes, si la boîte crânienne et la mâchoire du crâne numéro 5 avaient été trouvées dans des endroits différents, déclare Christoph Zollikofer, elles auraient pu être attribuées à des espèces différentes. »
« Le crâne numéro 5 constitue un élément nouveau et important pour interpréter la diversité remarquable des fossiles hominidés à Dmanissi et en Afrique il y a 1,8 million d’années », souligne Marcia Ponce de León. L’étude de ce crâne a plusieurs implications pour la compréhension de l’histoire humaine. Parmi celles-ci, le constat que la dispersion eurasienne semble avoir précédé un accroissement significatif de la taille du cerveau. Les chercheurs suggèrent aussi que les variations observées chez les fossiles africains de cette période reflètent également des variations chez Homo erectus. Mais un article d’analyse qui accompagne la description de la recherche dans « Science » mentionne que l’idée est controversée dans le milieu de la paléoanthropologie.
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