« TROIS ans. Il aura fallu beaucoup de ténacité et de persévérance pour que ce projet aboutisse », a reconnu Christian Doubrère, président de Kiosque information sida toxicomanie. L’inauguration de Checkpoint*, situé dans le Marais (36, rue Geoffroy l’Asnier), est l’aboutissement d’un long combat dont le point de départ avait été donné lors d’une journée organisée par Sidaction en 2007, au cours de laquelle les associations avaient demandé à la ministre de la Santé d’autoriser les tests rapides hors des lieux habituels du dépistage. Depuis, le dépistage communautaire a été autorisé, à titre expérimental, dans le cadre d’une recherche biomédicale. Plusieurs projets sont en cours, à Saint-Étienne (association ACTIS), Montpellier, Bordeaux, Lille et Paris (projet ANRS-Com’Test de l’association Aides). « Checkpoint est complémentaire de ce qu’offre Aides à Paris depuis quelques mois », a souligné Éric Fleutelot, directeur général adjoint de Sidaction, qui a soutenu le projet à hauteur de 100 000 euros. « La population gay n’est pas homogène, elle est diverse. Il faut offrir aux homosexuels de cette ville d’autres lieux de dépistage avec des horaires adaptés. Il faut pouvoir offrir un counselling très axé sur la sexualité, un espace où l’on peut dire que l’on a des rapports non protégés. »
Résultat en une heure.
Contrairement à l’offre de dépistage communautaire proposé par Aides (26, rue du Château Landon, 10 e), une offre non médicalisée assurée par des militants de l’association, le Kiosque permet un dépistage médicalisé. « Les consultants seront reçus 5 jours par semaine par une équipe expérimentée de 4 médecins et 4 infirmières, sensible aux questions d’orientation sexuelle. Ils auront la possibilité de parler librement de leurs pratiques et de leur mode de vie », a expliqué Christian Doubrère. L’ensemble de la consultation dure environ une heure (accueil et remise d’un d’une note d’information par les membres de l’association, entretien prétest avec un médecin, prélèvement au bout du doigt par l’infirmie(è)r(e), remplissage d’un questionnaire anonyme destiné à mieux connaître le public qui fréquente le centre de dépistage, ses attentes et pratiques, remise des résultats lors d’un second entretien). En cas de résultat positif, un test de confirmation est immédiatement réalisé (nouveau prélèvement envoyé au laboratoire) et un second rendez-vous est proposé. Quel que soit le résultat les consultants peuvent bénéficier de l’aide d’un psychologue ou d’un sexologue et des autres services de l’association (orientation, information, groupes de parole).
Le projet, prévu pour durer deux ans, bénéficiera au terme de l’expérimentation d’une évaluation destinée à mesurer la pertinence du dispositif. En plus du soutien de Sidaction, il a reçu l’appui du Conseil régional d’Ile-de-France, de la Mairie de Paris, de laboratoires (Biomérieux, Tibotec, BMS, Boehringer Ingelheim, GlaxoSmithKline).
Dans le contexte épidémiologique où le virus circule toujours activement, en particulier chez les homosexuels, qui souvent ignorent leur statut (20 %), les initiatives visant à réduire la proportion d’infections non diagnostiquées sont plutôt bien accueillies. Pas par tous. « À quelques mètres d’ici, une copropriété a refusé de nous accueillir dans ses locaux parce qu’elle ne voulait pas d’une "léproserie" », a regretté Christian Doubrère. Des propos inquiétants que confirme Dominique Bertinotti, la maire du 4 e arrondissement, qui a fourni les locaux. « Les murs évoluent beaucoup plus lentement que l’on pouvait espérer. J’espère qu’un tel lieu permettra de convaincre les quelques habitants réticents et contribuera à faire évoluer les mentalités », a-t-elle souligné. Le poids du rejet persiste. « On doit le connaître et le combattre », a conclu Jean-Marie Le Guen, adjoint chargé de la santé publique et des relations avec l’AP-HP.
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