À la lumière des résultats de deux grands essais présentés cette année, START et ANRS TEMPRANO, il semble important de traiter toutes les personnes infectées dès le diagnostic (lire ci-dessous), car le traitement précoce s’accompagne d’une réduction de 50 % du risque d’événement grave. « Il s’agit là d’un enjeu majeur, d’autant plus que le traitement précoce induit également une nette réduction du risque de transmission au partenaire », souligne le Pr Jean-Michel Molina.
Ces résultats mettent aussi en exergue l’importance d’identifier les personnes infectées par le VIH et donc les efforts à faire en matière de dépistage. « On peut en effet s’interroger sur les raisons de la persistance de l’épidémie, avec plus de deux millions de nouveaux cas chaque année dans le monde et plus de 6 000 en France », poursuit le Pr Molina.
La prévention chez les sujets non infectés et à risque est essentielle et s’appuie sur différents outils : utilisation de préservatifs, modification des comportements, dépistage des autres infections sexuellement transmissibles, circoncision – qui réduit de plus de 50 % le risque de transmission de la femme à l’homme – et traitement post-exposition (un mois de traitement initié dans les 48 heures suivant une exposition au risque). À cela vient désormais s’ajouter le traitement pré-exposition, ou PrEP (pre-exposure prophylaxis). Sous forme de comprimés, il a fait la preuve de son efficacité, qu’il soit donné en continu ou à la demande, comme cela a été validé dans l’essai ANRS IPERGAY.
D’autres formes galéniques sont à l’étude – gel, anneau vaginal, implant – afin de mieux protéger les sujets non infectés mais à haut risque de contamination. L’objectif est de pouvoir proposer, aux personnes concernées, différents outils de prévention et qu’elles puissent faire un choix éclairé. Choix qui bien sûr peut être amené à évoluer en fonction des circonstances : on peut ainsi très bien passer d’une PrEP en continu à une PrEp à la demande et inversement.
« La prévention combinée, qui s’appuie aujourd’hui sur les différents moyens de prévention et le traitement immédiat des personnes infectées, est à la base du projet "Paris sans Sida" », indique le Pr Molina. L’idée est d’agir à tous les niveaux en intégrant les nouveaux outils disponibles.
Outils combinés
« En améliorant la prévention et l’accès au traitement, nous avons aujourd’hui les moyens d’avoir un impact fort sur l’épidémie. Le chiffre de 6 000 nouvelles contaminations par le VIH chaque année en France, ne baisse pas, est inacceptable. Nous espérons une baisse forte du nombre de nouveaux cas d’ici 2 à 3 ans », insiste le Pr Molina, en rappelant qu’il ne faut pas opposer les stratégies de traitement et de prévention, mais utiliser au contraire tous les outils disponibles en même temps, ce qui permet d’agir sur le réservoir que constituent les sujets infectés, d’identifier les sujets qui ignorent leur séropositivité et de protéger les personnes à risque. « Nous attendons très prochainement la décision du gouvernement sur la mise en place d’une RTU (recommandation temporaire d’utilisation) du Truvada en PrEP, qui a déjà reçu un avis scientifique favorable de l’ANSM », conclut le Pr Molina.
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