Roseomonas mucosa, c'est le petit nom d'une bactérie commensale de la peau qui pourrait changer le traitement de la dermatite atopique. Des chercheurs des Instituts nationaux de la santé américains (NIH) rapportent dans « JCI Insight » les premiers résultats d'une utilisation de la bactérie en topique dans un essai de phase I/II (BACTERiAD) toujours en cours.
« On a besoin de nouvelles thérapies peu coûteuses et qui demandent des applications moins fréquentes pour élargir les options dans le traitement de la dermatite atopique », explique le Dr Anthony Fauci, directeur de l'Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID) aux NIH.
Une vaporisation 2 fois/semaine
Le microbiome de la peau pourrait jouer un rôle dans la dermatite atopique. Il est connu que les sujets atteints par l'affection cutanée ont tendance à présenter au niveau de la peau des populations plus importantes de Staphylococcus aureus.
Avant de lancer l'essai clinique, des travaux précliniques en cultures cellulaires et dans des modèles de souris avaient montré préalablement une amélioration après traitement par isolats de R. mucosa issus de sujets sains.
Les chercheurs ont commencé par tester la thérapeutique chez 10 adultes à raison d'une vaporisation d'une solution sucrée de R. mucosa deux fois par semaine pendant 6 semaines au niveau du pli du coude et d'une autre localisation laissée au choix. Le nombre nécessaire de bactéries R. mucosa - les souches initiales provenant de sujets sains - a été obtenu après multiplication en culture. Quant aux traitements habituels de l'eczéma, ils étaient poursuivis au cours de l'essai.
Amélioration de > 50 % de l'eczéma
Après des résultats de tolérance et d'efficacité rassurants chez les adultes, les chercheurs ont testé le traitement chez 5 grands enfants et préadolescents âgés de 9 à 14 ans ayant une dermatite atopique. Les traitements étaient appliqués sur l'ensemble des zones atteintes deux fois par semaine pendant 12 semaines et un jour sur deux pendant 4 semaines supplémentaires.
Vigilance avec certains émollients
Au total, une amélioration de plus de 50 % de la gravité de la dermatite atopique a été constatée chez 4 des 5 enfants et 6 des 10 adultes. Adultes et enfants, certains ont pu diminuer le recours aux topiques corticoïdes. Les chercheurs ont constaté par ailleurs une diminution des populations de S. aureus sur la peau des enfants. Il reste néanmoins que l'évaluation du topique bactérien doit être plus large. L'étude se poursuit avec le suivi des 5 enfants traités et l'inclusion d'autres enfants.
Dans des travaux sur les déséquilibres de la flore cutanée, les chercheurs ont mis en lumière que les souches de R. mucosa des sujets ayant une dermatite atopique produisaient des irritants pour la peau, et qu'à l'inverse celles de sujets sains des agents protecteurs de la barrière cutanée et régulateurs du système immunitaire. De plus, les chercheurs suggèrent que certains produits pourraient aggraver la dermatite atopique ou perturber les topiques à base de bactéries : certains parabènes et topiques émollients semblent bloquer la croissance de R. mucosa chez le sujet sain mais sans le faire de façon aussi marquée pour S. aureus ni de R. mucosa associé à l'eczéma.
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