Depuis quelques années, le microbiote intestinal suscite un réel engouement et de nombreuses études ont permis de démontrer son rôle clé dans diverses pathologies, comme les maladies inflammatoires chroniques intestinales, les maladies allergiques ou l’obésité.
Dans la maladie rénale chronique (MRC), des travaux récents ont mis en évidence des modifications du microbiote qui pourraient contribuer à l’inflammation systémique et à l’accumulation de toxines urémiques, notamment de p-cresol sulfate, d’indoxyl sulfate et de trimethylamine N-oxide (TMAO) qui sont impliquées dans la pathogenèse des complications cardiovasculaires. « Chez l'insuffisant rénal chronique, le risque cardiovasculaire va de pair avec une inflammation chronique dans laquelle le microbiote intestinal semble impliqué », souligne le Pr Denis Fouque.
Ceci ouvre la voie à de nouvelles modalités de prévention du risque cardiovasculaire chez l’insuffisant rénal chronique, fondées sur des mesures visant à modifier le microbiote afin de réduire la production de toxines urémiques.
Protéines végétales, symbiotiques…
Pour modifier le microbiote, plusieurs pistes sont explorées.
Tout d’abord la modification de l’alimentation, avec la consommation de protéines végétales plutôt qu’animales (1,2). Des études ont ainsi montré une baisse de la production de toxines urémiques comme le p-cresol sulfate lors de l’adoption d’un régime végétarien.
Ensuite, la supplémentation en probiotiques ou mieux en synbiotiques (association de prébiotiques et de probiotiques), car les prébiotiques offrent un environnement favorable à l’installation des probiotiques. Plusieurs données intéressantes ont été publiées récemment (3,4). Il s’agit certes de travaux préliminaires, mais les premiers enseignements, notamment la réduction de certaines toxines urémiques après consommation de fibres, justifient la poursuite des études dans ce domaine.
D’après un entretien avec le Pr Denis Fouque, CHU, Lyon
(1) Sirich TL et al. Clin J Am Soc Nephrol. 2014;9(9):1603-10
(2) Chauveau P et al. J Ren Nutr 2013;23(6):399-405
(3) Koppe L et al. doi:10.1038/ki.2015.255
(4) Rossi M et al. Clin J Am Soc Nephrol 2016;11(2):223-31
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