14 juillet : une cinquantaine de « mains de pétard » chaque année

Publié le 12/07/2014

Il existe deux pics d’incidence des lésions induites par les engins pyrotechniques : la nuit de la Saint-Sylvestre et les nuits de la fête nationale. À quelques jours du 14 juillet, les services d’urgence hospitalière se tiennent prêts à accueillir un afflux de blessés résultant de cette célébration.

Chaque année, les établissements hospitaliers d'Ile-de-France recensent une cinquantaine de victimes graves sur la période du 14 juillet. Toutes les études épidémiologiques relatives à ce fléau de santé publique (en raison de ses coûts pour la collectivité) concourent à confirmer un profil désormais bien cerné : les lésions les plus fréquentes sont celles de la main (« main de pétard » dans le jargon pour désigner les blessures liées à l'usage de ces explosifs), suivies de près par les lésions ophtalmologiques. 

Les victimes sont principalement les jeunes adultes (20-25 ans) et les enfants. Une mauvaise utilisation des pétards ou la fabrication défectueuse des produits sont bien souvent à l’origine des accidents.

Des blessures de la main multitissulaires et complexes

Les blessures de la main méritent une attention toute particulière, car elles sont en effet complexes car multitissulaires atteignant les os et les parties molles. Pour ce qui est du squelette, les fractures de métacarpien ou de phalanges réalisent fréquemment des pertes de substances osseuses. Pour ce qui est des parties molles, tendons, muscle, vaisseaux, nerf et peau peuvent être touchés de façon isolée ou le plus souvent combinée.

De telles situations lésionnelles complexes en font de véritables défis techniques aux possibilités de réparation chirurgicale malgré les énormes progrès de cette chirurgie. Les difficultés sont amplifiées par la multiplicité des agents destructeurs tissulaires en cause : brûlures thermique ou chimique, surinfection.

blessure_petard.jpg

Blessure consécutive à l'explosion d'un pétard de gros calibre (crédit : Dr Ballester Marie).   

Sur toutes ces mains victimes de feux d’artifice plane le spectre d’amputations uni ou pluri-digitales. Outre la durée des traitements spécialisés imposée par ces blessures, les taux d’incapacité en résultant sont immenses, ce d’autant qu’elles viennent compromettre la quasi-totalité d’une vie professionnelle à peine débutée.

Un meilleur encadrement

Des campagnes de prévention sont périodiquement lancées par des institutions gouvernementales ou non telles que la Société Française de Chirurgie Orthopédique et traumatologique. Cette année, la préfecture de police alerte à nouveau sur les dangers de certains pétards (assimilés à des mortiers) à travers une campagne intitulée « Mortier en main, des doigts en moins ».  S’y associent de temps en temps, des sénateurs de bonne volonté, qui réalisent la gravité des enjeux de santé publique posés par l’usage incontrôlé de ces engins pyrotechniques. Toutes et tous plaident pour un meilleur encadrement des utilisateurs et une réglementation plus stricte de la commercialisation de ces produits. Si le danger fonctionnel de ces engins est bien étudié, il ne doit pas dissimuler un autre danger vital lui, certes plus rare, mais non moins réel.

Au total, à l’heure du caractère quasi ubiquitaire du principe de précaution, on constate un certain laxisme persistant à l’égard de la distribution de ces engins pyrotechniques. Ne laissons donc pas un désastre sanitaire annoncé, lié à ces engins, gâcher notre fête.

Chirurgien Orthopédiste Paris, Membre de la Société Française de Chirurgie Orthopédique et traumatologique

Pr Charles Msika

Source : lequotidiendumedecin.fr