A l’occasion de la 26e Journée mondiale pour les droits de l’enfant, l’association Innocence en Danger lance une campagne de sensibilisation sur les violences sexuelles faites aux enfants. Par l’intermédiaire d’un film choc, l’association souhaite inviter chacun à briser le silence sur ce sujet, et rappelle le numéro mis en place pour toute personne souhaitant signaler une possible maltraitance (0800 05 95 95).
Cercle vicieux
En France, on estime que, chaque année, 154 000 enfants sont victimes de maltraitance sexuelle. Des chiffres auxquels s’ajoutent les données d’un récent rapport qui relate que moins d’un tiers des victimes portent plainte, et qu’elles mettent en moyenne 13 ans à trouver une prise en charge satisfaisante. « En France, la gêne face au sujet génère l’indifférence des adultes et des institutions », explique Homeyra Sellier, la présidente de l’association.
Les études montrent que 94 % des violences sexuelles sont exercées par l’entourage direct de l’enfant. Homeyra Sellier rappelle que, le plus souvent, les violences auraient cessé si les proches avaient réagi : « garder le silence nous rend complices », déplore-t-elle. Elle ajoute également que, parmi les agresseurs impliqués dans les affaires de pédo-criminalité, jusqu’à 95 % ont été agressés eux-mêmes dans leur enfance. Le silence génère donc un cercle vicieux qui contribue à perpétuer la maltraitance.
Seuls 3 % des signalements émanent des médecins
Coordonnateur médical de l’association, le Dr Gilles Lazimi, médecin généraliste à Romaiville, rappelle que les victimes sont pourtant repérables – décrochage scolaire, troubles du comportement, conduites auto- ou hétéro-agressives sont ainsi autant de signes d’alerte qui devraient faire réagir les professionnels et faire poser la question.
Or, parmi les signalements de maltraitance reçus par le procureur (un millier chaque année), seuls 3 % émanent des médecins. Ce taux étonnement faible témoigne du « tabou » qui règne autour de ce problème, y compris chez les médecins. Pour le Dr Lazimi, ce phénomène s’explique par la crainte des répercussions en cas de signalement, cette peur prenant alors le pas sur le bien-être de l’enfant. « Les médecins doivent être mieux accompagnés et encadrés dans cette démarche difficile, et l’Ordre des médecins a un rôle à jouer », déclare-t-il, estimant par ailleurs que la formation académique sur le sujet doit être plus importante, afin de sensibiliser les étudiants et les médecins à ce problème sanitaire.
Des conséquences qui coûtent 8 milliards d’euros par an à la sécu
Car, si elles sont peu étudiées en France, les conséquences psychosomatiques de la maltraitance sexuelle sont majeures. Selon des études nord-américaines, les victimes ont ainsi une morbidité fortement accrue sur le plan psychiatrique, mais également somatique (BPCO, diabète, coronaropathie entre autres). Une étude a estimé que les conséquences des violences sur mineurs pourraient ainsi coûter 8 milliards d’euros par an à la Sécurité sociale, selon l’association.
Des actions efficaces existent pourtant pour aider ces jeunes à se reconstruire, et l’association témoigne de nombreux cas où les jeunes victimes ont pu reprendre une vie normale quand les violences ont pu être verbalisées et stoppées. « Ceci nous pousse à continuer le combat contre le silence. Les enfants ne peuvent pas parler, c’est aux adultes de les protéger », conclut Homyera Sellier.
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