APRÈS avoir pris le pouls des écoliers du primaire*, le ministère de l’Éducation Nationale a rendu public les résultats de son enquête sur le climat scolaire au collège réalisée auprès de 18 000 élèves de 300 établissements. Pour Éric Debardieux, président de l’Observatoire international de la violence à l’école qui a piloté ce travail, « les résultats obtenus sont massivement positifs ». De fait, 92,5 % des collégiens interrogés déclarent se sentir « plutôt bien » ou « tout à fait bien » dans leur établissement. Moins de 14 % jugent « plutôt négatives » les relations avec leurs enseignants et 9 % se sentent « mal ou plutôt mal » dans leur classe. Moins de 14 % disent ne pas se sentir en sécurité et 5 % avoir manqué l’école par peur de violences. Dans la plupart des cas, les faits de violence sont issus d’élèves du même établissement que leurs victimes. Seulement 5,2 % des incidents violents sont liés à des intrusions. En matière de violence scolaire, « le véritable problème tient à une haute fréquence de victimations mineures plus qu’à une délinquance dure », souligne l’étude. Pour saisir la réalité du harcèlement au collège, il est impératif de tenir compte de la répétition et de l’association des « microviolences », encore « très rarement pénalisées » mais à la source de difficultés importantes pour ceux qui les subissent. « Le stress causé par la victimation et le harcèlement peut être un stress cumulatif, et par là bien difficile à prendre en charge tant il s’installe profondément dans la structuration psychologique des sujets », remarque Éric Debardieux.
Justice scolaire.
L’enquête montre qu’une part réduite d’élèves concentre les multivictimations (surnoms méchants, moqueries, mises à l’écart, insultes, bousculades, coups, lancements d’objet, menaces…) : 6 % des collégiens interrogés subissent un harcèlement sévère à très sévère (entre 5 et 8 types de victimations), et 10 % environs une « multivictimation modérée » (jusqu’à 3 types). Assez souvent, ce harcèlement touche des élèves de bon niveau et/ou qui participent en classe. « Il est possible qu’il soit dangereux d’être un bon élève ou tout simplement différent », souligne Éric Debardieux. Élément important, seules les violences graves (liées aux blessures avec armes en particulier) s’avèrent clairement plus fréquentes dans les établissements dits « populaires ». Dans ce contexte, les diverses annonces de mesure de sécurisation technique des établissements n’auront qu’un effet limité, la violence en milieu scolaire étant surtout une « affaire pédagogique », conclut l’enquête qui recommande de se concentrer davantage sur les petites victimations à la source de la majorité des cas de harcèlement scolaire. Priorité doit également être donnée à l’amélioration de la « justice scolaire » dans le sens d’une « intelligence de sanction ». Alors qu’un tiers des collégiens interrogés jugent le système punitif injuste, « il est nécessaire de s’interroger sur celui-ci et le sens de la sanction, afin que celle-ci devienne réparatrice et non pas jurassiquement vengeresse », indique Éric Debardieux. Instaurées à l’occasion des états généraux de la sécurité à l’école d’avril 2010, les enquêtes nationales de victimation au primaire et au collège doivent être réalisées tous les deux ans.
*« Le Quotidien » du 31 mars 2011.
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