« Ce virus a changé la face du monde et la face de la science », a lancé Alice Dautry directrice générale de l’Institut Pasteur lors d’une présentation du symposium international organisé à l’Institut en collaboration avec les NIH (National Institute of Health) américains, l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS) et Sidaction. Trente ans après la découverte du virus à Pasteur, plus de 500 participants, chercheurs, étudiants, post-doctorants, sont invités depuis hier mardi et jusqu’à demain, à faire le point sur les dernières avancées dans le domaine de la recherche sur le VIH.
Antoni Fauci, directeur de l’Institut des maladies infectieuses du NIH, rappelle que les progrès ont été « extraordinaires » tant dans le domaine de la compréhension du virus que dans celui du traitement – plus d’une trentaine d’antirétroviraux sont aujourd’hui disponibles – ou de la prévention. Toutefois, « ce n’est pas le moment de se congratuler car nous devons faire face à de nouveaux défis », a-t-il souligné faisant écho à sa présentation de mardi : « Beaucoup a été accompli, beaucoup reste à faire. »
L’épidémie se poursuit
Parmi les défis qui restent à relever, l’accès de tous aux résultats de la recherche : les antirétroviraux et les outils de prévention, semble essentiel.
Car « l’épidémie continue avec 2,2 millions de nouvelles infections », a souligné le Pr Jean-François Delfraissy, directeur général de l’ANRS. « Tous les patients ne bénéficient pas de traitement », a relevé Éric Fleutelot, directeur général adjoint de Sidaction, soulignant que les « investissements sont moins importants qu’avant ». Tout comme le Pr Delfraissy, il souligne que si les malades vivent plus longtemps et en meilleure santé, « l’infection à VIH n’est pas une maladie chronique comme les autres ». Les séropositifs sont toujours victimes de « discrimination », et « partager son statut sérologique avec sa famille, ses amis et ses proches reste un défi », a-t-il rappelé.
En dépit de l’alliance entre les scientifiques et les patients qui s’est construite au long de ces trente ans d’épidémie et constitue un des apports du VIH, les progrès de la recherche et celui de la prise en charge « ont été plus importants que les progrès dans l’acceptation et l’acceptabilité de l’infection par le VIH qui reste une maladie à part et un peu oubliée », souligne le Pr Delfraissy.
Éradication fonctionnelle
Sur le plan scientifique, la guérison de l’infection et la mise au point d’un vaccin restent deux enjeux importants. Les chercheurs parlent aujourd’hui d’« éradication fonctionnelle », concept qu’est venu appuyer l’observation récente d’une rémission obtenue chez un bébé du Mississippi traité très précocement par le VIH et la publication des résultats obtenus chez 14 patients de la cohorte ANRS-VISCONTI en rémission 7 ans après l’arrêt d’un traitement commencé très tôt après la contamination. Ces résultats suggèrent qu’à côté des « contrôleurs spontanés », il est possible « d’induire grâce à un traitement précoce, des contrôleurs post-traitement », souligne le Pr Delfraissy. Cette voie de la recherche est la plus porteuse d’espoirs même si la recherche vaccinale qui connaît « d’immenses difficultés » doit se poursuivre et être soutenue.
« Il ne faut surtout pas opposer les traitements et les vaccins », a souligné Françoise Barré-Sinoussi co-présidente du symposium. « Un traitement unique ne permettra sans doute pas d’obtenir la rémission à l’arrêt du traitement. Il faudra plutôt une combinaison de molécules administrées le plus tôt possible associées à un vaccin », renchérit-elle. Et de conclure qu’aucun progrès n’est possible sans un dépistage précoce.
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