« CE QUI M’INTÉRESSE dans ce plan cancer, ce sont les choses que l’on pourra extrapoler à beaucoup d’autres spécialités médicales », déclarait le Pr Jean-Paul Vernant face à la presse, quelques jours avant le lancement des réunions des groupes de travail en charge de l’élaboration du troisième plan cancer (2014-2018) où le médecin généraliste ne doit plus être le grand oublié. « Le plan cancer II voulait clairement que le généraliste reprenne toute sa place dans le parcours de soins. Ça n’a pas été le cas », a récemment souligné le Pr Agnès Buzyn, présidente de l’Institut national du cancer (INCa). « Est ce qu’on ne s’en est pas donné les moyens ou est ce que leur démographie ou leur formation ne leur permettent pas d’avoir cette place centrale ? L’état des lieux du Pr Vernant doit répondre à cela. Tant qu’on ne comprend pas ce qui a amené à l’échec, on ne sera pas plus efficace lors du troisième plan », commentait la responsable de l’INCa lors d’un débat organisé dans un café parisien avec des acteurs du cancer. « La difficulté du médecin généraliste n’est pas liée au cancer, mais au problème de continuité qu’il y a entre le travail en ville et à l’hôpital », constate le Pr Vernant qui évoque le nécessaire développement de l’informatique sécurisé entre ces deux mondes. « Il me semble important de créer une sécurisation entre l’intranet des hôpitaux et les systèmes informatiques des praticiens pour qu’ils accèdent aux données concernant leurs malades », ajoute-t-il. « Il faut aussi que le plan cancer III s’adapte à la réalité des généralistes de demain, avec les maisons de santé qui pourront devenir une solution si elles s’organisent sur l’ensemble du territoire », évoque de son côté Agnès Buzyn.
Espace contributions
L’autre thème majeur du troisième plan cancer portera sur la lutte contre les inégalités sociales et territoriales face à la maladie. « Le deuxième plan n’a pas été assez loin sur la question de ces inégalités. Il y a bien eu une prise de conscience mais pas suffisamment d’actions menées », déplore Jacqueline Godet, présidente de la Ligue contre le cancer. « Le Pr Vernant insiste aussi sur la nécessaire continuité entre recherche, prévention et prise en charge. C’est aussi le point de vue de la ligue », indique la présidente de l’association qui voit dans la double tutelle de la mission Vernant - ministères de la Santé et de la Recherche - un « signe fort ». D’ici à la fin du mois de juin, le Pr Vernant remettra à François Hollande ses recommandations en vue du prochain plan attendu en décembre ou janvier prochain, à l’occasion des prochaines rencontres annuelles de l’INCa. « D’un point de vue pratique, le temps imparti pour l’élaboration des recommandations s’avère beaucoup plus court que pour le plan cancer II », fait remarquer Jacqueline Godet. « Pour que les recommandations soient prêtes à la fin du mois de juin, cela exigera un travail intense qui diminuera probablement les possibilités de rencontres avec les acteurs et les patients », estime la présidente de la Ligue contre le cancer. « Entre 100 et 150 auditions » sont prévues confie le Pr Vernant qui a défini cinq groupes de travail (recherche et traitements ciblés ; prévention et dépistage ; parcours de soins ; information, formation, métiers du cancer ; vivre avec et après le cancer), chacun constitué de 4 à 6 personnes. La mission entend par ailleurs s’appuyer sur les contributions des professionnels et des patients qui pourront être déposées jusqu’au 20 mai dans un espace dédié sur le site Internet du plan cancer (www.plan-cancer.gouv.fr/préparation-du-3e-plan-cancer.html)
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