DEPUIS SEPT ANS, l’Observatoire national des violences en milieu de santé (ONVS) publie un bilan des signalements déclarés par les établissements. En 2012, la situation n’est pas brillante : exactement 11 344 cas d’atteintes aux biens (vols, dégradations...) et aux personnes (agressions diverses) ont été recensés dans 352 hôpitaux, à 92 % publics.
L’Observatoire a mis l’accent sur les quelque 8 000 signalements d’atteintes aux personnes (lire aussi tableau) qui ont touché 7 860 hospitaliers (603 praticiens, 3 420 infirmiers, 3 391 autres soignants...). Parmi les médecins, « beaucoup se tournent vers l’Observatoire publié par l’Ordre », précise la direction générale de l’offre de soins (DGOS). Ces agressions ont engendré 968 jours d’arrêt de travail et 658 jours d’incapacité totale de travail (ITT).
Psychiatrie et urgences en première ligne.
Un quart des agressions ont lieu dans les services de psychiatrie. Viennent ensuite les urgences, la gériatrie et les services de médecine. « Avec l’ouverture de notre plateforme de déclarations au secteur médico-social, la part d’agression en gériatrie est passée de 4 % à 10 % en deux ans, commente le commissaire divisionnaire Rachel Ferrari, chargée de mission pour la DGOS, qui pilote l’Observatoire. La possibilité nouvelle de déclarer "au fil de l’eau" et non une fois par an, et la décision de l’AP-HP de publier ses chiffres sur notre plateforme et non plus en interne a aussi influé sur l’augmentation du nombre de signalements ». Qui ont, de fait, doublé par rapport à 2011. « On peut aussi mettre ces chiffres sur le compte d’une baisse de tolérance de la part des personnels », ajoute Rachel Ferrari.
30 agressions et menaces par armes.
Depuis 2006, l’ONVS classe le degré de gravité de l’agression selon quatre niveaux, calqués sur le droit pénal : l’injure (contravention) au niveau 1 ; la menace verbale (délit) au niveau 2 ; l’agression physique (délit aggravé - atteinte à l’intégrité physique, bousculade, crachats, coups) au niveau 3 ; enfin tout fait qualifié de crime (violences avec arme, viol, homicide) au niveau 4.
En 2012, il y a eu un peu plus d’agressions physiques (4 110 signalements) que verbales, constate l’Observatoire. La présence d’une arme lors d’une agression a été signalée dans 30 situations, avec un « usage » à 13 reprises. Cinq armes blanches, une bombe lacrymogène et d’autres objets susceptibles d’être dangereux (bistouri, canne, chaise, matériel médical...) ont été recensés.
L’Observatoire a analysé les motifs de violence à l’encontre des personnels hospitaliers. Dans un quart des cas, il s’agit d’un reproche relatif à la prise en charge du patient. Viennent ensuite la consommation d’alcool ou de stupéfiants loin devant le temps d’attente jugé excessif. « Ces résultats montrent que le temps d’attente trop long n’est pas la raison première des dérapages de certains patients, affirme Rachel Ferrari. Si le personnel hospitalier répond à leurs inquiétudes, ne leur donne pas d’informations contradictoires et leur explique les causes d’un transfert, alors les violences peuvent être canalisées. »
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation