La stratégie du président Hollande lui interdit le recours à la force. Il a donc fait de son Premier ministre, Manuel Valls, le serviteur zélé, mais très contrarié. On avait annoncé à grand fracas une loi Macron 2, on l’a vite remisée dans un tiroir tant elle risquait de cristalliser toutes les rancœurs de la gauche. Sans attendre, on a lancé quelques mesures censées satisfaire les plus démunis. On a fait grand cas de la proposition de Mme Aubry pour relancer les investissements, et on l’a même appliquée. Elle requiert un budget de 2,5 milliards dont le financement est plus qu’incertain mais qui a retenu Martine Aubry en deçà de la révolte. Bref, M. Hollande a besoin de son parti pour briguer un second mandat présidentiel. Est-ce à dire que le gouvernement ralentira sa marche d’ici à 2017 ?
Tout le laisse craindre. Le président, pourtant, n’a pas de garantie que son parcours sera serein dans les 24 mois qui viennent. Il est sous la surveillance des frondeurs qui examinent à la loupe chacun des mouvements de M. Valls avant de décider si une goutte a fait déborder le vase ou si, au contraire, le chef du gouvernement va dans le sens de leurs dogmes. Ce n’est pas que le président manque de mains secourables : non seulement M. Valls ne s’indigne pas, mais le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, semble mener à bien ses efforts pour réunifier le parti avant le congrès. L’opposition entre sociaux-démocrates et sociaux-libéraux n’est pas d’hier, elle est même historique et un seul homme à ce jour a réussi à les faire travailler, c’est François Mitterrand. M. Hollande, lui, risque de trébucher sur l’intransigeance des frondeurs, qui n’essaient même pas d’exercer un talent diplomatique : leur discours quotidien montre qu’ils sont plus soucieux de défendre leurs idées que de maintenir à flot le bateau de M. Hollande.
Deux incertitudes
On ne voit donc pas à quel moment M. Valls pourra relancer les réformes dont le pays a tant besoin. Même si le congrès du PS se passe bien, les frondeurs seront toujours là pour dénoncer une politique économique qu’ils considèrent comme une régression. Le problème sera double : sur le plan politique, on se demande comment un Premier ministre recruté pour réformer serait soudain sommé de ne pas le faire. La France ne va pas attendre deux ans pour que les élections générales mettent un terme au débat et ouvrent la voie à une autre politique, qui pourrait d’ailleurs être celle des frondeurs si M. Hollande est réélu avec leur soutien. En outre, la soumission n’est pas le genre de Manuel Valls.
À l’incertitude des progrès dans le domaine économique et social s’ajoute donc une sérieuse incertitude politique. M. Hollande doit s’imposer un minimum de cohérence : tout le monde dit que M. Macron est son « chouchou », mais le ministre de l’Économie n’a pas accepté son poste pour faire de la figuration. Sans doute le président croit-il qu’il pourra progresser dans l’ambiguïté, qu’il distribuera de bonnes paroles ou quelques dépenses pour apaiser l’aile gauche du parti, tout en encourageant Manuel Valls à poursuivre les réformes. Mais les frondeurs ne seront pas dupes. Ils ne sont pas dans le camp du président. Au lendemain du congrès de Tours, on passera aux vacances d’été. À la rentrée, M. Valls, M. Macron, l’opposition, les socialistes réformistes demanderont au président s’il entend ne rien faire. Il faudra bien qu’il dise si, à ses yeux, le renouvellement de son mandat est plus important que les réformes.
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