La décision des autorités talibanes d’interdire aux ONG locales et internationales œuvrant en Afghanistan de travailler avec les femmes a suscité de vives condamnations et entraîne une vague d’inquiétude. Annoncée le 24 décembre via une lettre adressée aux ONG, cette interdiction est justifiée par des « plaintes sérieuses » sur l’habillement de ces femmes.
« Le ministère de l'Économie (...) ordonne à toutes les organisations de cesser le travail des femmes jusqu'à nouvel ordre », ont indiqué les autorités chargées d'approuver les licences des ONG, signalant des « plaintes sérieuses concernant le non-respect du hijab islamique et d'autres règles et règlements relatifs au travail des femmes dans les organisations nationales et internationales ».
Selon l’AFP, qui a obtenu une copie de la lettre, il n'a pas été précisé si la directive concernait le personnel féminin étranger des ONG. Celles qui ne respecteraient pas ce nouvel interdit sont menacées de ne plus pouvoir intervenir en Afghanistan.
Succession de mesures liberticides visant particulièrement les femmes
La décision s’inscrit dans un durcissement du régime taliban qui multiplie, depuis sa reprise du pouvoir en août 2021, les mesures liberticides, visant en particulier les femmes, progressivement écartées de la vie publique. Quatre jours avant l’annonce de cette nouvelle restriction, les autorités avaient interdit aux femmes d’étudier à l’université pour une durée indéterminée. Également justifié pour des raisons d’habillement, cet interdit fait suite à l’exclusion des filles des écoles secondaires.
Le coordonnateur de l’aide humanitaire de l'ONU pour l'Afghanistan, Ramiz Alakbarov, a rapidement dénoncé dans un tweet une « violation manifeste des principes humanitaires », tandis qu’Amnesty international a fustigé « une nouvelle tentative déplorable d'effacer les femmes des espaces politiques, sociaux et économiques ».
Dans un tweet, le directeur régional de l'Unicef, George Laryea-Adjei, a estimé que « ce dernier recul flagrant des droits des filles et des femmes aura des conséquences considérables sur la fourniture de services de santé, de nutrition et d'éducation aux enfants ».
Sur place, les ONG et de hauts responsables des Nations unies se sont réunis dès le 25 décembre. Plusieurs organisations (Save the Children, le Conseil norvégien pour les réfugiés, CARE International, le Comité international de secours (IRC), Christian Aid et ActionAid) ont annoncé dans la foulée une suspension de leurs activités dans le pays. Elles ont été suivies par d’autres, comme Médecins du Monde (MDM). Revenue en Afghanistan fin 2021 (après avoir été présente de 1982 à 2012), l’ONG soutient un hôpital de district à Kaboul, dont bénéficient 150 000 personnes.
Plus de 28 millions de personnes dépendent de l'aide humanitaire en Afghanistan
Au-delà de la perte de revenus des femmes travaillant dans les ONG, les craintes portent surtout sur les conséquences de cette interdiction, alors que le personnel féminin s'occupe des problématiques d'aide humanitaire auprès des femmes afghanes. « Les femmes sont essentielles à toute opération d'aide humanitaire », d'autant plus en Afghanistan où « seules les femmes peuvent interagir avec des femmes », a rappelé ActionAid, dans un communiqué.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a exigé le 27 décembre que le régime des talibans abroge ces « violations injustifiables des droits humains » imposées aux femmes. Selon lui, « l'interdiction compromettra considérablement, voire détruira, la capacité des ONG à fournir les services essentiels dont dépendent tant d'Afghans vulnérables », alors que plus de 24 millions de personnes dépendent d'une manière ou d'une autre de l'aide humanitaire.
Deux jours plus tard, l’ONU annonçait qu’elle maintenait son aide humanitaire dans le pays en privilégiant le « dialogue » à la « pression » sur le régime, selon un responsable de l'organisation, annonçant aussi une visite prochaine du patron de l'agence humanitaire des Nations unies, Martin Griffiths.
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