Alcool et cannabis : le rapport de l’OFDT confirme l’usage problématique chez les jeunes

Publié le 29/05/2013
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Crédit photo : PHANIE

L’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) a publié hier son rapport 2013 « Drogues et addictions, données essentielles », un document annuel donne les principales tendances en matière de consommation de drogues licites (tabac et alcool) et illicites. Il met notamment l’accent sur certaines consommations problématiques des jeunes, chez les alcoolisations ponctuelles importantes qui sont en hausse surtout chez les jeunes femmes. Cette augmentation concerne aussi les 18-25 ans (14 % sont des buveurs à risque chroniques c’est-à-dire consommant entre 3 et 7 verres par jour alors que cette proportion n’est que de 9 % dans la population générale). Par ailleurs, 18 % des jeunes de 17 ans qui ont consommé du cannabis au cours de l’année présentent un risque élevé d’usage problématique voire de dépendance ce qui représente 5 % des adolescents de cette tranche d’âge.

Plan en préparation

Le cannabis reste d’ailleurs le produit illicite le plus fréquemment consommé (13,4 millions de Français l’ont expérimenté). « Au regard de ces données, il apparaît essentiel que ces jeunes reçoivent des informations et de l’aide d’autant qu’ils sous-estiment souvent les dangers de l’alcool et du cannabis », souligne l’OFDT. Les jeunes devraient être une des cibles prioritaires du prochain plan gouvernemental que prépare la MILDT (Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie). Ce plan devra répondre à d’autres défis que ceux de l’alcoolisation des jeunes et, également mis en perspective dans le bilan publié par l’OFDT : nouvelles drogues de synthèse, nouveaux profils de consommateurs, achats de substances sur Internet.

L’OFDT met en garde contre l’évolution des représentations que les Français ont des drogues et de leurs dangers. « Il faut faire attention au durcissement notable de l’opinion concernant les usagers de drogues ainsi qu’à la baisse du nombre de Français considérant que les usagers souffrent d’une maladie. Un travail sur les représentations s’avère donc indispensable et il sera mené dans le cadre du prochain plan gouvernemental », précise l’Observatoire.

Une majorité pour les salles de consommation

Toutefois, une majorité de Français est favorable à l’ouverture de salles de consommation de drogue. À la question : « certains proposent de mettre des locaux et du matériel propre à disposition des consommateurs d’héroïne pour qu’ils puissent s’injecter hors de l’espace public, pour prévenir les risques d’overdose et limiter la propagation du sida. Êtes-vous tout à fait, plutôt, plutôt pas ou pas du tout d’accord avec cette proposition ? », 58 % des personnes interrogées se sont déclarées « tout à fait ou plutôt d’accord ». Cette interrogation, qui fait partie de l’Enquête sur les représentations, opinions et perceptions sur les psychotropes (EROPP), était antérieure à l’annonce par le gouvernement début février de l’accord pour expérimenter une salle de consommation à moindre risque à Paris, près de la gare du Nord. En 2008, 27 % des Français étaient favorables à cette mesure mais la formulation de la question était différente (pour prévenir les risques pour la santé, certains pensent qu’il faudrait mettre à disposition des consommateurs d’héroïne des locaux et du matériel spécial pour qu’ils puissent s’injecter leur propre drogue). « C’est le score le plus haut jamais enregistré pour un sondage français sur les salles de consommation », se sont réjoui Pierre Chappard, coordinateur du Réseau français de réduction des risques, et Jean-Pierre Couteron, addictologue.

« Compte tenu du changement de formulation, le résultat de 2013 n’est pas directement comparable à celui de 2008, mais l’augmentation est telle qu’il est difficile de ne pas conclure à une plus forte adhésion des Français », ont-ils commenté.

L’observatoire européen des drogues et des toxicomanies (EMCDDA) a également publié hier son rapport annuel. La commissaire européenne chargée des affaires intérieures y voit des « signes d’encouragement » mais aussi « d’inquiétude ». « Le fait que, grâce à des politiques solides de lutte contre les drogues et des niveaux records de traitements, l’usage d’héroïne, de cocaïne et de cannabis semble diminuer dans certains pays et l’infection par le VIH liée à la consommation de drogues continue à décroître, sont des signes encourageants. Mais dans le même temps, le fait qu’un quart des adultes européens – ou 85 millions de personnes – ont consommé une drogue illicite, et que l’usage de drogues en Europe reste historiquement élevé, constituent des sujets de préoccupation », a-t-elle déclarée. Les nouvelles drogues constituent pour l’Europe comme pour la France un des défis qui devront être relevés : 70 nouvelles substances ont été identifiées au cours de la dernière année. La lutte contre « l’épidémie cachée » d’hépatite C, contre la mortalité liée à la drogue et contre les disparités de prise en charge en prison le sont tout autant.

 Dr LYDIA ARCHIMÈDE Un rapport européen

Source : lequotidiendumedecin.fr