Malgré l’arsenal législatif mis en place en France et les campagnes de prévention qui se succèdent, le tabac et l’alcool restent les première et deuxième causes de mortalité évitable dans notre pays avec respectivement 73 000 et 49 000 morts par an. La cigarette est le premier produit psychoactif consommé quotidiennement à l’adolescence et l’alcool est la première substance addictive pour les 17 ans en termes d’expérimentation et d’usage occasionnel.
Face à la difficulté de faire reculer leur consommation, le Plan gouvernemental de lutte contre la drogue et les conduites addictives va créer un groupe de travail chargé d’engager une réflexion sur les conditions de promotion de l’alcool et du tabac, jugées en partie responsables de cet état de fait. Mené par Danièle Jourdain Menninger, présidente de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les toxicomanies (MILDT), il aura pour objectif « d’étudier les possibilités de faire mieux appliquer le droit existant, voire de proposer des évolutions de ce droit ».
Les jeunes et les femmes restent une cible prioritaire
D’après les travaux de Karine Gallopel Morvan, professeure à l’École des hautes études en santé publique (EHESP), les industriels du tabac et de l’alcool déploient des stratégies marketing très performantes dans l’intention de cibler prioritairement les populations jeunes. Selon la spécialiste, « on observe clairement une mutation des supports promotionnels employés par les industriels du tabac et de l’alcool vers des formes moins visibles ». En clair, ces derniers s’adaptent à la législation et redoublent d’ingéniosité pour ancrer leurs produits dans l’imaginaire du « réservoir » des futurs consommateurs. La cigarette est d’ailleurs l’un des produits les plus « marketés » au monde avec une dépense annuelle associée de plus de 13 milliards de dollars. Plus difficiles à compiler, les dépenses marketing des industriels de l’alcool étaient cependant estimées à près de 1,5 milliard de dollars en 2007.
Pour contrer les restrictions liées à la loi Evin, les fabricants d’alcool flirtent parfois avec la ligne rouge. Des publicités dans des magazines orientés clairement vers un lectorat jeune aux bandeaux publicitaires placés sur des sites Internet de radios FM écoutées majoritairement par des adolescents, en passant par le sponsoring de festivals de musique ou de soirées étudiantes, les exemples sont légion.
Plus restreints dans ce domaine, les cigarettiers se sont quant à eux rabattus sur le packaging, également appelé le « vendeur muet ». Les emballages reproduisent désormais les codes du luxe et de la mode et ciblent ouvertement un public jeune et parfois spécifiquement féminin. La tendance est également à l’interactivité numérique avec la création de liens entre le produit et des applications ludiques pour smartphones.
Des moyens de préventions déséquilibrés
Les résultats de nombreuses recherches dans ce domaine sont clairs : la publicité est un facteur explicatif de l’initiation au tabagisme et à la consommation d’alcool chez les non-buveurs, de la continuité au tabagisme et de l’augmentation de la consommation d’alcool chez des adolescents qui boivent déjà.
Selon K. Gallopel Morvan, « les moyens de préventions sont déséquilibrés par rapport au marketing des marques […] En parler à l’école ou éditer des brochures ne suffit pas. Pour faire baisser la prévalence, il faut suivre les recommandations des acteurs de santé, faire respecter la loi et utiliser les mêmes outils de communication que les industriels ». Une orientation que la MILDT semble avoir entendue puisqu’elle se propose dès à présent de « renforcer les campagnes de contre-marketing en direction des populations vulnérables ».
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