Le nombre de cas de mésothéliome pleural, cancers bronchopulmonaires, cancers du larynx et de l’ovaire attribuables à une exposition professionnelle à l’amiante est estimé en 2012 entre 2 002 et 5 094 cas chez les hommes et 179 à 315 chez les femmes en France, selon le bilan publié dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (BEH). Annabelle Gilg Soit Ilg et coll. ont estimé que 129 à 731 nouveaux cas de cancers du larynx (quasiment tous observés chez des hommes) et 46 à 55 cancers de l’ovaire découverts en 2012 pouvaient être attribués à une exposition professionnelle. Le cancer du poumon arrive en tête de classement de ces cancers professionnels attribuables à l’amiante : 1 328 à 3 709 nouveaux cas estimés par an (dont seulement 56 à 81 chez des femmes) et 1 004 à 2 805 décès en 2012 (dont 43 à 62 chez des femmes), selon les chercheurs de l’InVS.
Surveillance du mésothéliome (PNSM)
Concernant le mésothéliome pleural, sa surveillance est assurée en France par le programme national de surveillance du mésothéliome (PNSM) qui couvre actuellement 21 départements, soit 30 % de la population française. Selon le dernier bilan également présenté dans le « BEH », l’incidence chez les hommes a augmenté entre 2009-2011 comparé à la période 1998-2000, suggérant que « le pic d’incidence lié à l’amiante n’est pas peut-être pas encore atteint contrairement à ce qui avait pu être avancé précédemment », expliquent Annabelle Gilg Soit Ilg, épidémiologiste à l’InVS, et coll.
Quelque 3 992 cas ont été recensés sur la période 1998-2011. La part attribuable à une exposition à l’amiante dans le milieu professionnel a été estimée à 87,3 % chez les hommes et 64,8 % chez les femmes.
La déclaration obligatoire doit être maintenue
Le dispositif de déclaration obligatoire (DO) a permis d’identifier 1 282 cas entre janvier 2012 et avril 2014 par un pathologiste dans 76 % des cas ou clinicien dans 52 % des cas. 86 % des tumeurs étaient localisées au niveau de la plèvre contre 8 % pour le péritoine, le reste étant associé à diverses localisations (péricarde, vaginale testiculaire…). Les données montrent une bonne adhésion des médecins bien qu’il existe des disparités régionales. Le système est « encore jeune et méritera d’être réévalué à long terme », note les chercheurs dans le BEH. La DO et le PNSM s’inscrivent dans le dispositif national de surveillance épidémiologie du mésothéliome du plan cancer 2014-2019. Le dispositif de déclaration obligatoire (DO) du mésothéliome qui couvre l’ensemble du territoire et aide ainsi à améliorer la connaissance dans trois populations : les femmes, les hommes de moins de 50 ans et les individus atteints d’un mésothéliome localisé hors plèvre.
Interdit depuis 1997 en France, l’amiante continue de faire de victimes. En 2009, le cancer du larynx et celui de l’ovaire ont été ajoutés à la liste des maladies induites par l’exposition à l’amiante par CIRC/IARC. Certains cas de mésothéliomes relevant du régime général de sécurité sociale ne feraient pas l’objet d’une reconnaissance professionnelle.
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