MARTINE AUBRY, conforme à elle-même, a su faire bonne figure. Elle se réjouit de l’évolution favorable de l’affaire et espère que DSK sera complètement disculpé. Il aurait été cependant préférable que l’audience extraordinaire qui a eu lieu vendredi à la Cour criminelle de New York eût lieu avant qu’elle-même ne se déclarât candidate. Non que M. Strauss-Kahn ait exprimé l’intention de se présenter à l’investiture du parti socialiste, mais quelques-uns de ses partisans réclament déjà une suspension de la primaire.
ON ACCABLAIT HIER LE PRÉSUMÉ COUPABLE, ON POURFEND AUJOURD’HUI LA PRÉSUMÉE VICTIME
On a été vite en besogne quand il s’est agi d’accabler DSK, on va aussi vite quand, l’espoir revenant, on veut faire abstraction de ce qui s’est passé dans la suite du Sofitel de Times Square. On attendait tout de l’enquête privée des détectives engagés par la défense, c’est le procureur lui-même qui apporte à l’affaire des éléments montrant que le compte bancaire de Mme Diallo recevait de l’argent sale à hauteur de 100 000 dollars, qu’elle a menti à propos du droit d’asile qui lui permettait de vivre aux États-Unis et qu’elle a parlé à un repris de justice, dans une converstaion enregistrée, de la bonne manière de monnayer l’agression sexuelle dont elle aurait été victime.
Féminisme et présomption d’innocence.
De la même manière, le scandale a déclenché en France et aux États-Unis une poussée sans précédent de féminisme. Chez nous, des femmes ont manifesté contre DSK et contre tous ceux qui, non sans loyauté, le soutenaient encore, sous le prétexte que ses défenseurs négligeaient la victime dont personne ne disait plus qu’elle était « présumée ». Quel sort n’a-t-on pas réservé alors à la présomption d’innocence ! À New York, des femmes de ménage réunies par un syndicat ont conspué DSK et Anne Sinclair lors de leur arrivée au tribunal. Mais il n’y a pas de syndicat des candidats à la présidence ou des directeurs du FMI. Il n’y a pas de contre-manifestation en faveur de ceux qui clament leur innocence. On ne répétera pas assez que le système judiciaire américain, qui s’ingénie à accabler le présumé coupable en le promenant avec des menottes et sans qu’il ait eu le temps de se rhabiller, alors qu’il cache l’identité et le visage de la présumée victime, n’est pas équitable. Ceux qui se félicitent aujourd’hui de ce que le même système soit le premier à constater l’effondrement des accusations, oublient que le mal est fait ; et qu’il est peu probable que DSK se relèvera, politiquement, financièrement et professionnellement, du scandale ; qu’à vouloir démontrer sans cesse qu’elle n’établit aucune distinction entre puissants et misérables, la justice des États-Unis néglige les conséquences de ses actes pour ceux qu’elle accuse alors que ceux qu’elle défend ne courent pas les mêmes risques.
Et que dire d’une presse américaine de caniveau qui a traité DSK de pervers et l’a agoni d’injures, allant même à déceler en lui, en s’appuyant presque sur la génétique, l’échantillon parfait du libertinage historique du peuple français ? Accusations sans preuves, généralisations aux confins de la xénophobie, délectation salace qui en disent plus sur les journalistes voyeurs que sur l’homme qu’elles attaquent, il ne semble pas, quoi qu’il arrive, que, au final, la justice, la presse et les femmes de ménage américaines sortent grandies du scandale.
Et hop ! La situation s’inverse, grâce à la tardive honnêteté du procureur, révélée par le New York Times. Dés 7 heures du matin, vendredi dernier, les constructions judiciaires, morales, politiques abondaient en France. Dans le silence des féministes, soudain embarrassés, les déclarations les plus extravagantes ont résonné encore plus fort. Si le soulagement sincère et sobre de Martine Aubry, la prudence de Pierre Moscovici, pourtant très proche de DSK, relevaient du sang-froid et de la mesure, d’autres exprimaient soudainement des exigences que n’autorisait pas l’état des informations. M. Strauss-Kahn n’est pas lavé de tout soupçon, c’est sa victime qui est moins propre qu’on nous l’a fait croire. Le rapport sexuel ne fait presque plus de doute, mais il a pu être consenti (et s’il l’a été, on peut même se risquer à envisager que Mme Diallo s’est livrée à une provocation pour obtenir par la suite des indemnités). Personne ne sait vraiment dans quelles dispositions se trouvent M. Strauss-Kahn et son épouse, dont l’épreuve n’est pas terminée. Il n’est plus le directeur du FMI et il est même remplacé. A-t-il encore assez d’énergie pour se déclarer candidat à la présidence et, s’il le faisait, obtiendrait-il une adhésion populaire comparable à celle qu’il avait avant le 14 mai ?
Le scandale, puis son rebondissement, ont entraîné des réactions également excessives. Tout n’est pas la faute des médias. Les hommes et femmes politiques qui emplissent les créneaux horaires de propos exagérés participent au grand enfumage qui tient lieu, parfois, d’information.
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