Trois mois après la prise de position de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l'Organisation des Nations unies (ONU), l'Académie de médecine reprend le flambeau de la lutte contre l'âgisme, en France.
« Il est important de lutter contre l’âgisme, qui concerne, certes, les personnes âgées, mais aussi et on l’ignore souvent, les jeunes adultes. La pandémie de Covid-19 a confirmé combien ces discriminations sont fréquentes et constituent des stéréotypes sur les personnes âgées, mais aussi sur les jeunes adultes. Elle les a majorées », écrit l'institution dans un communiqué.
Une personne sur deux responsable d'une attitude âgiste
En mars dernier, l'OMS et l'ONU avaient appelé à combattre l'âgisme, « fléau insidieux dont la société souffre », pour surmonter la crise du Covid. Et ce à travers trois stratégies : l'adoption de politiques et de lois pour lutter contre les inégalités et les discriminations, la mise en œuvre d’interventions éducatives et le développement des contacts intergénérationnels. Le rapport accompagnant le plaidoyer révélait qu'une personne sur deux avait une attitude « âgiste » à l’encontre des personnes âgées ; et une personne sur trois en Europe déclare avoir été la cible de l’âgisme.
L’âgisme est associé chez les personnes âgées à un plus grand isolement social avec une solitude accrue rappelle l'Académie de médecine. Quelque 6,3 millions de cas de dépression dans le monde seraient liés à l’âgisme. Quant aux jeunes adultes, ils subissent des discriminations dans des domaines tels que l’emploi, la santé, le logement et la politique, où ils n’ont souvent pas voix au chapitre.
Agir jusque dans les essais cliniques
Soutenant les stratégies proposées par les instances internationales, l'Académie de médecine rappelle que « la législation peut s'attaquer à la discrimination et aux inégalités fondées sur l'âge ; l'éducation peut corriger les idées fausses et lutter contre les stéréotypes ; les réunions intergénérationnelles représentent une stratégie clé pour réduire l'âgisme ». Elle appelle en outre à financer et améliorer les données et la recherche pour mieux comprendre l'âgisme et les moyens de le combattre. Et de citer comme actions concrètes envisageables : la modulation du caractère fixe de l’âge de la retraite, pour tenir compte de l’état physique, intellectuel et du désir des personnes ; ou encore l’évolution de la pratique des essais cliniques, dont les personnes âgées sont souvent exclues, créant ainsi un obstacle à l’accès aux nouveaux traitements.
Cette prise de position rejoint celles des acteurs du grand âge, qui se sont exprimés dès le début de la pandémie, ainsi que les réflexions du nouvel institut Ad Memoriam élaborées lors de son premier colloque (à lire dans le « Quotidien du médecin » du 11 juin).
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