SI LA PRIMAIRE fonctionne, c’est parce qu’elle correspond à un processus démocratique remarquable. On croyait que les leaders socialistes s’entredéchireraient, ils ont gardé leur dignité tout en se critiquant. On pensait qu’il y aurait peu d’électeurs, on s’attend à des millions de votants. On craignait ou souhaitait que les attaques inhérentes au débat finiraient par les décrédibiliser tous, bien au contraire : François Hollande maintient son avance, Martine Aubry tient bon, Arnaud Montebourg acquiert la notoriété qu’il n’avait pas, Ségolène Royal se bat avec un méritoire acharnement, Manuels Valls exprime une pensée politique cohérente qui lui permet de gagner deux points.
Révélations.
Les sondages n’ont pas réussi à décourager les « petits » candidats. Mme Royal se dit « plus que jamais » décidée à briguer la magistrature suprême ; M. Montebourg croit maintenant qu’il peut franchir le premier tour. On n’est pas obligé de partager leur enthousiasme. Mais la candidature à l’investiture du parti leur garantit à tous un rôle ultérieur de premier plan si la gauche l’emporte en 2012. En face, la droite est morose, inquiète, démoralisée : elle va subir de plein fouet une gestion nécessairement austère, alors qu’aucun parti ne peut promettre autre chose aux Français que de la sueur et des larmes. L’Élysée tente de mettre au point une stratégie de reconquête du pays, mais les affaires se multiplient, ajoutant aux effets, délétères pour le pouvoir, de la crise sociale, le discrédit des scandales.
LE DÉBAT ÉLECTORAL EST POLLUÉ PAR LES AFFAIRES
Le manège des révélations tourne maintenant à une vitesse proche de l’accident : c’est le procureur Philippe Courroye qui est mis en examen pour avoir commandé des « fadettes » (factures téléphoniques détaillées) destinées confondre les sources des journalistes dans l’affaire Bettencourt. Il demande l’annulation de la procédure contre lui. Mais la juge Sylvia Zimmerman n’aurait pas recouru à cette procédure si elle ne disposait d’informations incriminantes pour M. Courroye, ami de Nicolas Sarkozy. À l’affaire Bettencourt et ses incontrôlables conséquences quotidiennes, s’ajoute le feuilleton interminable des ventes d’armes et des fameuses « rétrocommissions ». L’intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine demande au président de lever le secret défense pour deux contrats avec le Pakistan et l’Arabie Saoudite car, affirme-t-il, il prouvera alors son innocence en démontrant que, pour sa part, il n’a touché aucun centime dans les transactions. Des informations circulent dans les médias : le juge Renaud Van Ruymbeke, qui traite l’affaire pakistanaise aurait la preuve d’un versement en liquide de 10 millions de francs à la campagne d’Édouard Balladur. Ancien ministre de l’intérieur, Brice Hortefeux est sommé par la justice d’expliquer pourquoi il a téléphoné à Thierry Gaubert, soupçonné d’avoir transporté des mallettes de billets, pour l’avertir que sa femme le « balançait » à la justice.
Du « sang sur les mains »
La droite se sert de l’affaire Guérini pour tenter de démontrer que la gauche a ses propres scandales. Mauvaise défense : on n’est jamais blanchi par les fautes des autres. Pugnace, François Fillon riposte à Noël Mamère, des Verts (qui reprochait à la droite « d’avoir du sang sur les mains » puisqu’elle serait responsable de l’attentat de Karachi), en lui faisant violemment remarquer qu’il bafoue la présomption d’innocence. Certes, l’agressivité habituelle de M. Mamère lui a fait commettre un excès de langage, mais l’ambiance politique générale est empoisonnée et ne facilite guère la réflexion de l’électeur, alors que trois centristes pourraient être candidats contre M. Sarkozy, que l’UMP est clairement divisée, que baissent les cotes de M. Sarkozy et de M. Fillon, qu’on peut s’attendre à de nouvelles mises en examen de personnalités prestigieuses dans l’affaire de Karachi et, peut-être, dans l’affaire Bettencourt.
Les dés sont jetés ? Ce qui intéresse les Français, c’est l’emploi, le pouvoir d’achat, le déclassement progressif de la classe moyenne. Ils ne choisiront l’alternance que s’ils se convainquent que la gauche a un projet susceptible de remédier à ces maux nationaux. La majorité actuelle, quant à elle, s’efforcera de leur prouver le contraire. L’Allemagne s’étant décidée à ne pas lâcher la Grèce, l’Europe, donc la France, est provisoirement soulagée. Mais il faudra beaucoup plus qu’un répit pour permettre à la droite de se maintenir au pouvoir.
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