Les autorités de la province de Khyber Pakhtunkhwa (région de Peshawar, au nord-ouest du Pakistan) ont décidé d’accentuer leurs efforts en matière de vaccination. Dernière initiative en date dans cette région récemment qualifiée par l’OMS de « plus grand réservoir mondial » de cas de polio : depuis le début de l’année, dans certaines zones particulièrement défavorisées, les parents reçoivent de l’argent une fois que leur enfant est complètement vacciné.
Il faut dire qu’il y a fort à faire pour faire accepter l’immunisation dans ces contrées montagneuses, gangrénées par l’insécurité que font régner les talibans. Les équipes de vaccination y sont souvent perçues comme des suppôts de l’Occident, et parfois accueillies à coups de Kalachnikov. Plusieurs dizaines de professionnels de santé y ont ainsi trouvé la mort au cours des six derniers mois.
De l’argent pour vaincre la défiance
Résultat de cette défiance généralisée : d’après des chiffres communiqués au « Quotidien » par le bureau de l’UNICEF au Pakistan, seulement 55 % des enfants de la province de Peshawar sont complètement vaccinés. Pour pouvoir envisager une éradication de la polio dans la zone, des experts cités par le journal britannique « The Guardian » estiment qu’il faudrait que ce chiffre atteigne au moins 97 %.
D’où l’idée de recourir à des incitations monétaires. Les autorités locales ont ciblé 12 districts dans lesquels le taux d’immunisation est encore plus bas qu’ailleurs (dans trois d’entre eux, il est inférieur à 25 %). Dans ces zones défavorisées, 1 000 roupies (7,20 euros) sont payées aux parents de chaque enfant qui, à l’âge de 15 mois, a accompli l’ensemble du cycle de vaccination devant le prémunir contre neuf maladies, dont la polio.
Près de 300 000 enfants sont concernés par le programme pour l’année 2014, soit 31 % des enfants à vacciner dans la région. Le projet est entièrement financé par les autorités locales, et s’accompagne d’incitations pour les mères qui vont accoucher dans une maternité au lieu de donner naissance à domicile.
Un mécanisme qui commence à toucher les pays développés
Ce type d’incitations par lequel les populations sont incitées financièrement à adopter des comportements vertueux se développe à travers le monde. D’abord circonscrits aux pays pauvres, des programmes de « transferts d’argent conditionnels » commencent à voir le jour dans les pays développés. Dans deux zones défavorisées du centre de l’Angleterre, les mères se voient ainsi depuis la fin de l’année dernière offrir des bons d’achat si elles allaitent leur enfant pendant au moins six semaines.
Il est encore trop tôt pour savoir si l’initiative sera un succès à Peshawar. Joints au téléphone, les responsables de l’UNICEF assurent que la population est très enthousiaste à l’idée de ces incitations financières… Si c’est vraiment le cas, le Pakistan pourra peut-être à terme rejoindre son grand rival indien, qui a officiellement éradiqué la polio il y a quelques semaines.
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