L’image du médecin traitant, cheville ouvrière d’une politique vaccinale en déliquescence doit évoluer et vite. Telle est en substance la teneur du message véhiculé ce jeudi à l’occasion d’une séance plénière sur la vaccination, en ouverture des Entretiens de Bichat qui se déroulent jusqu’au 8 octobre au Palais des congrès de Paris.
« Le vaccinateur est passé de l’acte technique dans une politique de prévention à une obligation de convaincre la personne en face de lui » sur l’intérêt de se faire vacciner, « à défaut quelquefois d’être lui-même totalement convaincu », déclare le Dr Patrick Bouet, président du Conseil national de l’Ordre des médecins.
« S’il n’y a pas de gouvernance claire, il n’y a pas de politique vaccinale claire », et « si la gouvernance exprime elle-même le doute, on ne peut pas reprocher à la population et aux acteurs d’être eux-mêmes dans le doute », ajoute le Dr Bouet. « Le médecin n’est pas une machine à tout faire et l’on ne peut pas faire peser sur un acteur unique, le médecin généraliste, la synthèse de l’ensemble des difficultés » liées à la politique vaccinale, martèle-t-il.
Besoin de transparence
Pour redonner confiance en la vaccination, le Pr Agnès Buzin, présidente de la Haute Autorité de santé (HAS) prône notamment un nouveau paradigme dans l’évaluation des vaccins au sein des instances sanitaires. « Nous devons évaluer les vaccins comme nous évaluons les médicaments, avec un seul angle de vue : est-ce que le vaccin apporte un bénéfice clinique à l’individu qui va se faire vacciner ? C’est le seul critère pour se faire rembourser un médicament, ça doit être le seul critère pour un vaccin », estime le Pr Buzin qui insiste par ailleurs sur « la prévention des conflits d’intérêts », parfois « compliqués à gérer dans le domaine de la vaccination ».
Pour la présidente de la HAS, le champ de la prévention doit être également réinvesti. « Dans les études de médecine, nous sommes très peu formés aux messages de prévention. Il y a tout un champ à explorer pour que les médecins et l’ensemble des professionnels de santé se réapproprient la prévention comme faisant partie intégrante de la prise en charge », ajoute-t-elle.
Campagnes inaudibles
Les pouvoirs publics étant devenus « inaudibles » dans ce domaine, la présidente de la HAS recommande l’arrêt des grandes campagnes de sensibilisation « qui effraient la population et sont très peu écoutées » pour mieux renforcer la participation des médecins en individualisant ces messages de prévention.
Le Dr Pierre de Haas, président de la Fédération française des maisons et pôles de santé (FFMPS) a de son côté vanté l’intérêt de l’interdisciplinarité entre professionnels de santé pour espérer avoir un « réel impact auprès du patient ». Il faut arriver à « cerner concrètement le message prévention » autour de la vaccination, au risque de « continuer à tourner en rond encore longtemps », note le Dr Bouet.
Se pose enfin la question des moyens dans un système de santé où la prévention primaire reste un parent pauvre. « Si l’on veut continuer à avoir un curatif qui nous dévore, il faut continuer d’ignorer l’enveloppe prévention », glisse en conclusion le Pr Benoît Vallet, directeur général de la Santé. Aujourd'hui l'enveloppe représente 8 à 9 % de l’ensemble du budget santé.
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