Près d'une femme médecin américaine sur trois affirme avoir été victime de harcèlement sexuel durant ses études ou au cours de sa carrière, selon des travaux de l'université de la santé du Michigan, publiés dans le « JAMA ».
« C'est un sérieux rappel sur le fait que notre société a encore un long chemin à parcourir pour parvenir à l'égalité des sexes », relève Reshma Jagsi, professeur associée et vice-présidente du département de radio-oncologie qui a dirigé ces travaux. L'étude a été réalisée en 2014 auprès 1 066 médecins diplômés de l'Institut national américain de la santé entre 2006 et 2009. Ces derniers, hommes et femmes en proportions égales, âgés de 43 ans en moyenne, ont répondu à un questionnaire portant sur leurs années d'études et de pratique. Dans leurs réponses, 70 % des femmes déclarent avoir subi des discriminations liées au sexe durant leurs études, contre seulement 22 % des hommes interrogés. Près de 66 % d'entre elles en ont souffert dans leur avancement professionnel contre 10 % des hommes.
Des comportements encore trop fréquents
Plus de 30 % de ces femmes ont été victimes de harcèlement sexuel pour 4 % des hommes. Des chiffres en légère amélioration comparés à ceux d'une précédente étude réalisée en 1995, où elles apparaissaient 52 % à avoir vécu cette situation pour 5 % des hommes. Mais une amélioration relative selon les auteurs car les chiffres les plus récents s'inscrivent dans une situation où plus de 40 % des étudiants en médecine sont des femmes.
« On a tendance à penser que ce type de comportement appartient au passé, alors qu'un grand nombre de jeunes femmes ayant participé à cette étude ont été victimes de harcèlement sexuel ou de discrimination », souligne Reshma Jagsi. Et d'insister sur la nécessité « d'évaluer dans quelle mesure le harcèlement et la discrimination sexuels persistent encore dans le monde médical académique. Les femmes qui subissent ces comportements osent moins facilement le rapporter quand elles pensent qu'il s'agit d'incidents exceptionnels ou aberrants. Notre étude montre, au contraire, que c'est une situation loin d'être inusuelle et qui reflète un véritable problème de société. »
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